Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Wauquiez sur un fil

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Par

DENIS JEAMBAR

Vitrifié depuis l’élection d’Emmanuel Macron, le paysage politique a-t-il la moindre chance de s’animer ? C’est en tout cas le pari de Laurent Wauquiez, favori de l’élection pour la présidence des Républicai­ns qui se déroulera demain et dimanche prochain s’il ne l’emporte pas dès le premier tour. Certes, l’année qui vient de s’écouler nous a réservé bien de surprises mais il est tout de même peu probable que le président de la région Auvergne-RhôneAlpes ne rafle pas la mise. Le résultat, bien sûr, déterminer­a la nature de son pouvoir. L’impact du succès qu’il espère dépend d’abord de l’ampleur de la participat­ion des électeurs Républicai­ns. Sur le papier, ils sont plus de  . Une très large majorité ne devrait pas se déplacer tant ce scrutin lui paraît sans intérêt. D’autres trouvent, eux, leur compte dans la politique d’Emmanuel Macron. Bref, la musique de la mobilisati­on a peu de chance de retentir comme une charge au son du clairon. Plus de   votants constituer­ait un score honorable. Un chiffre plus faible traduirait l’atonie persistant­e de la droite. Ce serait en creux un succès pour le chef de l’État qui, sans faire le moindre commentair­e, suit de près ce scrutin. Son objectif est, en effet, de n’avoir aucune opposition crédible. Le Front national et les Insoumis font son affaire : l’alternance ne peut s’organiser autour de ces extrêmes qui, par ailleurs, entravent la reconstruc­tion de la droite et de la gauche. L’ambition de Laurent Wauquiez est, bien entendu, de desserrer cet étau. Il dispose pour cela d’une forte base : les collectivi­tés locales conquises par Les Républicai­ns ces dernières années et la majorité au Sénat. Mais il lui faut s’imposer comme l’opposant numéro . Il a choisi de radicalise­r son discours pour y parvenir. Une approche tactique afin de profiter de la perte de crédibilit­é de Marine Le Pen. Mais comment transforme­r une tactique en stratégie de long terme pour retrouver le chemin du pouvoir ? C’est là que la tâche de Laurent Wauquiez se complique. Il ne peut s’en tenir à une opposition radicale. Il lui faut rassembler sa famille politique et convaincre aussi un centre qui, lui, se referme comme une huître : plus d’alliance avec Les Républicai­ns ont décrété les patrons de l’UDI et du Parti radical. C’est donc le deuxième enjeu de ce scrutin : le nombre de voix qu’y obtiendron­t la filloniste Florence Portelli et le juppéiste Maël de Calan. Paradoxale­ment, l’intérêt de Laurent Wauquiez est de l’emporter sans écraser ses rivaux pour pouvoir – comme il le promet sans cesse ! – leur « tendre la main » et les intégrer dans son équipe dirigeante. Ce serait pour lui la meilleure configurat­ion : incarner l’opposition la plus résolue sans provoquer une hémorragie vers En marche ! à l’affût de toutes les dissidence­s. L’opération relève de la haute voltige. C’est ce qu’avez réussi Nicolas Sarkozy en  mais Emmanuel Macron n’existait pas. Ce qui change tout.

« Laurent Wauquiez ne peut s’en tenir à une opposition radicale. Il lui faut rassembler sa famille politique et convaincre aussi un centre qui, lui, se referme comme une huître. »

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