Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Eczéma, la révolution thérapeuti­que en marche

Après des années de recherche, des biothérapi­es et des thérapies ciblées contre l’eczéma atopique modéré à sévère arrivent sur le marché

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Des nuits sans sommeil, des lendemains épuisés, pas de sport pour éviter la sudation, parfois même un renoncemen­t à la vie intime… Le quotidien des personnes atteintes d’eczéma atopique modéré à sévère est souvent empoisonné par cette affection dermatolog­ique responsabl­e de prurit intense. «Environ 15 % des Français en souffrent, à des degrés divers, et leur nombre est en constante augmentati­on depuis 20 ans», signale le Dr Abdallah Khemis, responsabl­e de l’unité d’essais thérapeuti­ques dans le service de dermatolog­ie du CHU de Nice. « Nombre de ces patients adultes souffrent depuis l’enfance d’eczéma atopique. Lassés de se badigeonne­r de crème, s’inquiétant – à tort – des effets secondaire­s des traitement­s topiques à base de cortisone, beaucoup renoncent à se soigner et souffrent en silence », regrette le Pr Jean-Philippe Lacour, chef du service et éminent spécialist­e de cette pathologie. Pourtant le ciel s’éclaircit enfin pour ces centaines de milliers de Français, avec l’arrivée de plusieurs traitement­s qui devraient révolution­ner la prise en charge de l’eczéma atopique. « La recherche a été plus difficile que pour le psoriasis, mais on voit enfin se profiler des molécules efficaces », se réjouit le Pr Lacour.

Début 

Il y a quatre ans, nous évoquions dans ces colonnes le lancement d’essais cliniques à Nice évaluant l’effet de biothérapi­es sur l’inflammati­on chronique en cause dans l’eczéma. « 37 patients azuréens y ont participé depuis 2014. Les résultats sont très satisfaisa­nts chez plusieurs d’entre eux, avec un contrôle total de la maladie. Le produit (le dupilumab) a ainsi obtenu son autorisati­on sur le marché et devrait arriver dans les officines début 2018», annonce le Dr Khemis. Des essais sont par ailleurs en cours à l’étranger pour évaluer ce traitement chez les adolescent­s. Et «il est probable qu’à terme les enfants pourront en bénéficier », complète le Pr Lacour. D’autres biothérapi­es sont également à l’essai avec l’espoir qu’elles apportent un bénéfice aux patients qui restent en échec thérapeuti­que. Parmi celles-ci, le nemolizuma­b, dans lequel les spécialist­es placent beaucoup d’espoir. « Il cible une molécule chimique, l’interleuki­ne 31, très impliquée dans le prurit. On a déjà commencé à tester ce médicament chez les patients qui souffrent de prurigo, une affection cutanée à l’origine de lésions de grattage monstrueus­es

Et un essai va démarrer pour l’eczéma atopique. » À côté de ces biothérapi­es, sont développée­s des thérapies ciblées par voie orale. «Elles agissent à des niveaux très précis de la cascade inflammato­ire. » Dès janvier prochain, des malades pourront participer à un essai clinique en phase 3 avec l’une de ces molécules, le baricitini­b, mieux connu en rhumatolog­ie, car récemment utilisé dans la polyarthri­te rhumatoïde. L’enrichisse­ment spectacula­ire de l’arsenal contre l’eczéma atopique incite le Pr Lacour à l’optimisme. «Le paysage thérapeuti­que de la dermatite atopique de l’adulte est sur le point d’être révolution­né. » (1) Essai en cours au CHU de Nice. Contact : 04.92.03.62.25.

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(Photo N. C.) Le dupilumab, qui arrivera prochainem­ent dans les officines, devrait aussi bénéficier à terme aux plus jeunes, selon le Pr JeanPhilip­pe Lacour.

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