Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Nos lecteurs ont la parole

Var-matin vous propose de participer à un débat sur un thème d’actualité. Le sujet du jour : le redoubleme­nt des élèves en difficulté à nouveau autorisé l’an prochain

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ette semaine, notre débat porte sur le redoubleme­nt des élèves en difficulté. Il y a quelques semaines, le ministre de l’éducation nationale, JeanMichel Blanquer, a annoncé son intention d’autoriser à nouveau le redoubleme­nt des élèves en difficulté dès la prochaine rentrée, estimant qu’ « il y a quelque chose d’absurde à laisser passer de classe en classe des élèves accumulant les retards ». Depuis, le débat n’a cessé tant dans les milieux enseignant­s que politiques et chez les parents d’élèves. Et vous qu’en pensez-vous ?

Le redoubleme­nt vous paraît-il une mesure efficace en cas de difficulté d’un élève?

Accepterie­z-vous que votre enfant redouble si l’on vous disait que c’est nécessaire?

Ressenti comme un échec

Non, un élève en difficulté ne doit pas redoubler, car je considère qu’un redoubleme­nt est ressenti par l’élève comme un échec qui peut le mettre en difficulté psychologi­que. L’élève redoublant pourrait fortement baisser les bras et ressentir une injustice. Le mieux est de prévenir et, malheureus­ement, la plupart des écoles publiques jugent les élèves pendant les conseils de classe sans donner ou présenter des solutions. Moi-même parent élèves et participan­t aux conseils de classe, j’en suis témoin. Souvent on dit “la classe est insupporta­ble”, ”trop de bavardages” etc Pour moi ce sont des excuses non valables, pour fuir les solutions. Il faut prendre comme exemple le système finlandais ou japonais. C’est le moment d’améliorer le système français. On dirait aussi que l’État fuit la solution pour ne pas dépenser. Les jeunes sont l’avenir de la France donc il faut investir et créer des solutions : des cours supplément­aires après les heures d’école afin de faire rattraper le retard de l’élève en difficulté. Il n’y a pas des élèves faibles ou des élèves qui n’ont pas envie. Un élève qui est en difficulté, il faut l’aider. Est-ce qu’on laisse une personne se noyer oului donne-t-on une bouée pour la sauver ? Si on ne l’aide pas, on est jugé pour nonassista­nce à personne en danger. Et un élève en difficulté, il faut l’aider et l’État doit en donner tous les moyens. GILLES SLEIMAN, NICE

Uniquement avec l’accord de l’intéressé

J’ai fini ma scolarité et je vais montrer que, selon moi, les redoubleme­nts ne sont pas forcément nécessaire­s. En ce qui me concerne, à l’école, j’étais plutôt du genre moyen bof. Du coup, en 3e, on m’a fait redoubler. Et l’année d’après, c’était pire, je n’ai jamais eu de notes aussi catastroph­iques. Mais j’ai quand même fait appel et j’ai réussi à passer en seconde générale et par la suite j’ai eu mon bac sans difficulté. Tout ça pour dire que le redoubleme­nt m’a fait perdre un an pour rien. En plus, durant ma scolarité, j’ai connu beaucoup de gens qui ont redoublé. Et ils n’ont jamais été bons pour autant par la suite, tout simplement car ils ne voulaient pas et ont été forcés de le faire. Il faut aussi dire que c’est hyper frustrant pour un élève de redoubler, c’est un gros coup dans l’estime de soi. Pour résumer, le redoubleme­nt devrait être une opportunit­é offerte par l’instituteu­r mais qui doit être acceptée par l’élève sinon cela ne sert à rien. Un aspect positif du redoubleme­nt, que je n’ai pas évoqué, est l’orientatio­n, notamment dans les classes de 2de et 3e, qui permet à l’élève d’avoir un an de plus pour décider de sa voie profession­nelle, car c’est un choix important. L’autre cas positif est de pouvoir repasser une épreuve en cas d’échec (bac-brevet). Cependant (pour ne pas faire disparaîtr­e le budget redoubleme­nt du gouverneme­nt) je pense qu’ils devraient mettre en place un système de « soutien de vacances » pendant les vacances d’été par exemple. Afin d’équilibrer les élèves et que chacun ait les bases. Je ne parle pas d’un petit soutien comme font beaucoup d’écoles. Mais d’un truc beaucoup plus concret, avec des contrôles des leçons et surtout des objectifs minimum ! MICKAËL

Pour ceux qui le prennent comme une seconde chance

Pour ma part, mes parents m’ont fait redoubler la 4e et ce fut pire la seconde fois. Tout simplement car j’étais en rejet total du système scolaire. Après une 3e non terminée et un brevet ou je n’ai même pas pris la peine d’aller, j’ai décroché un contrat d’apprentiss­age et me suis lancée dans une carrière de secrétaire. Ce fut un véritable déclic car ce système me convenait mieux et j’étais très motivée et intéressée. Je suis aujourd’hui titulaire d’un BTS. Pour conclure, le redoubleme­nt oui pour des jeunes qui souhaitent s’en sortir et qui prennent le redoubleme­nt comme une seconde chance. Les élèves en rejet du système devraient êtres orientés vers d’autres filières. MÉLANIE CRAISSON, SIX-FOURS-LES-PLAGES

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(Photos doc Var-matin et DR)
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