Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Des débuts de réponse
Battu en vitesse pure par Bath, le RCT n’a pas pour autant renoncé à ses ambitions. Ses entraîneurs ne désespèrent pas trouver des solutions pour qu’il donne bientôt sa pleine mesure
La nuit était déjà bien avancée lorsque les Rouge et Noir sont rentrés chez eux hier, après un vol retour retardé par le givre anglais. Mais le staff toulonnais n’a pas attendu le petit matin pour commencer à débriefer une rencontre qui laissera forcément quelques regrets, car elle ramène aujourd’hui le RCT à une délicate position d’attente dans cette poule 5. Après avoir déjà revisionné les images de la défaite dans l’avion, Fabien Galthié refaisait le match, en disséquant les actions avec son adjoint Fabrice Landreau dès le premier pied posé à l’aéroport de Toulon-Hyères. Et «on a continué à débriefer ce matin» nous a précisé hier Fabrice Landreau après quelques heures seulement de sommeil. Quand ils affirment qu’ils travaillent, les duettistes, n’exagèrent pas... Mais plutôt que de pointer des déficiences individuelles, ce qui serait peu constructif d’un point de vue managérial, ils préfèrent observer les grands principes du jeu et le détail de leur exécution pour mettre le doigt sur tout ce qu’il reste à améliorer. Outre la réaction du groupe à 13-0 qui les a quand même un peu rassurés, Galthié et Landreau ont d’abord relevé quelques points positifs : «Ce qu’on avait programmé de faire, on l’a réussi puisqu’on a marqué sur ces actions. Cela veut dire que tactiquement, on était dans le vrai. D’ailleurs à la fin du match, à l’occasion d’un court échange, le manager de Bath, Todd Blackadder a dit à Fabien Galthié : ’’tactiquement, vous aviez bien préparé ce match ’’.»
Une véritable opposition de style
Mais Fabrice Landreau en convient facilement, cela n’effacera pas ce qui n’a clairement pas fonctionné : « On s’est senti en difficulté sur la vitesse de replacement, et pas seulement sur la défense. La vitesse d’exécution de Bath était supérieure. Les joueurs étaient très rapidement debout, les cellules de transition étaient déjà en place avec de la profondeur et les ballons en général mettaient moins de deux secondes à sortir. C’est comme ça qu’ils ont pu imprimer énormément de vitesse. On s’est retrouvé un peu déstabilisés. Comme ils jouaient un ton au-dessus de nous, on a eu de la difficulté dans notre replacement défensif, notamment sur les inversions...» Ce que Guirado résumera d’un laconique : « On a été pris, tout simplement. En rugby, il n’y a pas de secret, quand tu es sur le reculoir…» Mais le staff, qui a déjà mis l’accent sur ce problème ces dernières semaines et notamment les difficultés récurrentes du RCT dans la transformation du jeu, ne peut se résoudre à en rester là. « On a besoin de développer ça » confirme Landreau en sachant que la ligne de trois-quarts toulonnaise, plus massive et forcément moins rapide, est assez loin des caractéristiques morphologiques de celle de Bath. Sur le coup, la vitesse a donc fini par vaincre la puissance dans une véritable opposition de style. Mais il n’y a pas de vérité gravée dans le marbre : « À l’inverse, lorsqu’on a commencé à tenir le ballon au près, avec nos avants plus puissants, Bath s’est retrouvé en difficulté et a dû commettre des fautes assez grossières pour enrayer ces actions. Au final, on s’aperçoit qu’avec un peu plus de réussite au but, on pouvait peut-être repartir avec 4 points au lieu de un... » avance Landreau.
Problème d’ordre collectif
Ce n’est donc pas parce que Nonu ou Bastareaud ne seront jamais aussi rapides que Watson ou Tapuai qu’il faut se résoudre à faire des complexes au niveau européen. Au-delà des qualités ou défauts individuels des joueurs, Galthié et Landreau peuvent encore jouer sur l’organisation collective pour rivaliser aussi, à ce niveau. Ils ont déjà des débuts de réponse : « Si Mathewson est parfois obligé de garder le ballon, et si François TrinhDuc est à plat, c’est que les cellules ne sont pas en place. François s’est aussi retrouvé au moins à trois reprises en position de premier déblayeur parce qu’il manquait un avant ou deux au déblayage, donc il ne pouvait pas animer...» Ce problème de soutien, de liant et d’efficacité est donc d’abord collectif, même si on pourrait plus facilement l’imputer à de seules défaillances individuelles : «Il y en a eu aussi, c’est vrai, ça arrive, reconnaissait Galthié dès le coup de sifflet final. Il ne faut pas trop que ça se renouvelle car ça met toute l’équipe en difficulté l’équipe. J’attends donc que ça évolue... » Mais certainement pas en regardant les trains passer les deux pieds dans le même sabot et les défaites s’accumuler. En travaillant, en travaillant...