Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Je m’attendais à le voir surprendre du monde »
Cofondateur du team Tech en avec Hervé Poncharal et Bernard Martignac, l’ingénieur Guy Coulon a grandement contribué à l’adaptation express de Johann Zarco, suivi pas à pas chaque week-end en qualité de chef d’équipe.
Guy, avant le premier GP , pensiez-vous Johann capable de réaliser une telle saison ? Lors de l’ultime test IRTA précédant la course d’ouverture, au Qatar, on l’a vu mettre tout en place pour aller vite. Résultat : il est allé vite ! Sans forcer. Avec aisance. Et pas sur un tour par-ci par-là, mais en alignant des séries régulières. Donc je m’attendais à le voir surprendre du monde assez tôt. De là à imaginer tout cela, non ! Même en rêve, franchement, c’était trop prétentieux.
Le jour où il vous a le plus impressionné, c’était quand et où ? Difficile de mettre en avant un jour précis. À vrai dire, ce qui m’a le plus marqué, c’est l’enchaînement des cinq premières courses. Si personne n’a oublié le Qatar, lors de l’échéance suivante, en Argentine, Johann part après une qualif’ un peu foirée et il finit Même remontée fantastique deux semaines plus tard au Texas. S’ensuivent la place à Jerez et le podium du Mans. Que des prestations solides ! À partir de là, on sait qu’il ne s’agit pas d’une succession de coups de chance ponctuels...
Le secret de la réussite réside-t-il d’abord dans ce lien fort établi entre vous et lui ? Vous savez, en moto, le pilote est largement prépondérant. Nous, on essaye juste de lui fournir la machine adéquate. Réglée comme il le désire, c’est-à-dire sûre de l’avant et pas trop fatigante à exploiter sur la distance d’une course. Avec Johann, la relation s’est nouée facilement parce qu’il sait ce qu’il veut. Les choix s’avèrent toujours clairs, déterminés, dans sa tête. Il ne doute pas, donc on avance plus vite.
En quoi est-il singulier ? Justement, il ne tergiverse jamais. Bien que débutant, Johann peut prendre le départ d’un Grand Prix en première ligne avec un choix de pneus différent par rapport aux cinq gars qui l’entourent sur la grille. Il assume et démontre ensuite que son option était la bonne. Peu de pilotes en sont capables. Tenez, à l’opposé, en son temps, un Max Biaggi, qui possédait le même style de pilotage très fin, se laissait lui influencer pour monter une gomme un cran plus dure au dernier moment. Ce fut sa faiblesse dans la catégorie reine. e
Comment faire mieux l’an prochain ? D’abord, il faudra mesurer l’écart en terme de potentiel entre la Yamaha dont nous disposerons et la version . Peut-être sera-t-il plus important. Mais sinon, globalement, on devra s’efforcer de marquer tous les points à notre portée. Ne pas gâcher des occasions comme cette année...