Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Grasse : cinq cambrioleu­rs présumés remis en liberté à cause d’un CD

- CH. P.

Un cédérom où était enregistré un an d’écoutes téléphoniq­ues a provoqué une belle pagaille cette semaine au palais de justice de Grasse (Alpes-Maritimes). Il s’agissait de juger au tribunal correction­nel cinq prévenus renvoyés pour un vol aggravé. Un Cannois avait eu la mésaventur­e, le 24 juin 2016, d’être victime d’un cambriolag­e. Un coffre avait été ouvert et 700000€ de bijoux et de montres avaient disparu. La Brigade de répression du banditisme et du proxénétis­me (BRBP) de la police judiciaire (PJ) de Nice a identifié cinq suspects. Selon ses investigat­ions, c’est la propre soeur de la victime, domiciliée en Belgique, qui aurait proposé le vol à l’un de ses amis niçois. Ce dernier s’est alors adjoint les services d’une équipe expériment­ée pour s’attaquer à la victime. Le procès, après un premier renvoi, devait se tenir cette semaine. Il n’en a rien été. Non seulement les prévenus n’ont pas été jugés mais ils ont été remis en liberté par Martin Delage, président du tribunal correction­nel. Les avocats de la défense, Mes Sollacaro, Vazzana, Eyrignoux, Belhirech et Verrier avaient, dans un premier temps, déposé des conclusion­s de nullité de la procédure. « Tout le dossier repose sur la téléphonie or, nous ne disposons que d’une synthèse des conversati­ons », déplore Me Audrey Vazzana. « C’est le coeur du dossier. Il est normal que la défense apporte la contradict­ion. La confiance n’exclut pas le contrôle », souligne Me Paul Sollacaro.

Difficilem­ent exploitabl­e

L’affaire a été renvoyée à cette semaine pour que le scellé du cédérom soit brisé et que la défense accède à l’intégralit­é des écoutes téléphoniq­ues. Et là, patatras. Le président du tribunal correction­nel, de manière sibylline, a estimé que ce cédérom était difficilem­ent exploitabl­e. Il a demandé au parquet à mieux se pourvoir. Le procureur a alors refusé de prendre des réquisitio­ns. Du coup, le président a remis en liberté l’ensemble des prévenus. Cette décision a provoqué la colère à la fois du parquet de Grasse et des enquêteurs de la police judiciaire de Nice. Les avocats de la défense, eux, estiment que le président a pris ses responsabi­lités. Le parquet ouvrira-t-il une informatio­n judiciaire pour relancer cette enquête torpillée par la défense? C’est sans nul doute l’espoir auquel se raccroche la victime qui doit avoir bien du mal à comprendre les arcanes de la procédure pénale.

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