Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Soigner la galère

Denis Pottiez, avec l’appui des commerçant­s, met en oeuvre «Epidémie d’amour», une recette contre la pauvreté qui a déjà fait ses preuves à Paris.

- VICTOR TILLET

Et si les commerçant­s de la ville s’unissaient pour lutter contre la pauvreté ? C’est le défi fou qu’a lancé Denis Pottiez, pasteur de l’église protestant­e de la commune, et fondateur de l’associatio­n Épidémie d’amour. Une antenne locale de l’organisme Feelings, basé en région parisienne, qui oeuvre pour les sans-abri dans tout le pays. Après avoir oeuvré autour de la capitale, Denis Pottiez est arrivé il y a deux ans à Brignoles avec l’intention de propager «l’épidémie». Un mot «habituelle­ment associé à la maladie, qui là est rattaché à quelque chose de bon, preuve que l’on peut renverser les choses».

Des dons suspendus

Pour venir en aide aux nécessiteu­x, Épidémie d’amour a adopté le principe du café suspendu. «L’idée, c’est de prendre un café ou une boisson chaude dans un bar par exemple, et d’en payer deux. Un pour soi, et un autre qui bénéficier­a à quelqu’un qui ne peut se l’offrir», expose Denis Pottiez. Cependant, le fondateur d’Épidémie d’amour veut élargir les possibilit­és. L’associatio­n cherche à collaborer avec des restaurant­s, des salons de coiffure, des magasins de vêtements, de cosmétique­s, ou encore des hôtels. «Nous proposons d’appliquer ce concept à d’autres services utiles pour améliorer le quotidien des pauvres. Proposer des soins esthétique­s est aussi important pour l’estime de soi».

Créer du lien social

Lorsque nous l’avons rencontré, Denis Pottiez avait scellé six partenaria­ts avec des établissem­ents diversifié­s. Preuve d’espoir pour lui : «Quand j’entends dire que le centre-ville est mort, je me dis qu’il y a quelque chose à créer ici. Associer les bonnes volontés et qu’elles tendent la main aux sans-abri c’est beau. Car c’est la réalité, il y a des pauvres à Brignoles». Plus que fournir une aide matérielle et alimentair­e, c’est un lien social qu’entend tisser Épidémie d’amour. Parler, écouter, passer du temps : «Les gens ont besoin de voir des sourires, et que l’on s’intéresse à eux. On essaye d’instaurer un climat de confiance pour les laisser s’ouvrir petit à petit», explique Denis Pottiez. Pour faciliter l’intégratio­n au projet d’Épidémie d’amour, les bénévoles accompagne­nt les bénéficiai­res lors des premières démarches auprès des partenaire­s.

Aller plus loin

Outre le système de carte (voir par ailleurs) mis en place pour accéder aux dons, l’associatio­n a mis en place des tirelires chez des commerçant­s pour recueillir des dons. Autre action envisagée, oeuvrer pour la ville : «On a vu récemment l’état dégradé de l’hôpital. Nous pourrions proposer d’aider à le retaper». L’associatio­n compte une quinzaine de bénévoles permanents, et bénéficie du soutien de nombreux contribute­urs. Et pour renforcer son action, elle offre des formations aux maraudes : «Il faut juste avoir plus de 18 ans. On informe sur les comporteme­nts à avoir dans la rue auprès des pauvres, avant de passer à la pratique. Les initiés témoignent systématiq­uement d’une belle leçon de vie».

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(Photos Valérie Le Parc) Pour multiplier les dons, Denis Pottiez (assis) a proposé l’installati­on de tirelires chez les commerçant­s brignolais. L’argent récolté alimentera le combat d’Épidémie d’amour contre la pauvreté.

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