Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Soigner la galère
Denis Pottiez, avec l’appui des commerçants, met en oeuvre «Epidémie d’amour», une recette contre la pauvreté qui a déjà fait ses preuves à Paris.
Et si les commerçants de la ville s’unissaient pour lutter contre la pauvreté ? C’est le défi fou qu’a lancé Denis Pottiez, pasteur de l’église protestante de la commune, et fondateur de l’association Épidémie d’amour. Une antenne locale de l’organisme Feelings, basé en région parisienne, qui oeuvre pour les sans-abri dans tout le pays. Après avoir oeuvré autour de la capitale, Denis Pottiez est arrivé il y a deux ans à Brignoles avec l’intention de propager «l’épidémie». Un mot «habituellement associé à la maladie, qui là est rattaché à quelque chose de bon, preuve que l’on peut renverser les choses».
Des dons suspendus
Pour venir en aide aux nécessiteux, Épidémie d’amour a adopté le principe du café suspendu. «L’idée, c’est de prendre un café ou une boisson chaude dans un bar par exemple, et d’en payer deux. Un pour soi, et un autre qui bénéficiera à quelqu’un qui ne peut se l’offrir», expose Denis Pottiez. Cependant, le fondateur d’Épidémie d’amour veut élargir les possibilités. L’association cherche à collaborer avec des restaurants, des salons de coiffure, des magasins de vêtements, de cosmétiques, ou encore des hôtels. «Nous proposons d’appliquer ce concept à d’autres services utiles pour améliorer le quotidien des pauvres. Proposer des soins esthétiques est aussi important pour l’estime de soi».
Créer du lien social
Lorsque nous l’avons rencontré, Denis Pottiez avait scellé six partenariats avec des établissements diversifiés. Preuve d’espoir pour lui : «Quand j’entends dire que le centre-ville est mort, je me dis qu’il y a quelque chose à créer ici. Associer les bonnes volontés et qu’elles tendent la main aux sans-abri c’est beau. Car c’est la réalité, il y a des pauvres à Brignoles». Plus que fournir une aide matérielle et alimentaire, c’est un lien social qu’entend tisser Épidémie d’amour. Parler, écouter, passer du temps : «Les gens ont besoin de voir des sourires, et que l’on s’intéresse à eux. On essaye d’instaurer un climat de confiance pour les laisser s’ouvrir petit à petit», explique Denis Pottiez. Pour faciliter l’intégration au projet d’Épidémie d’amour, les bénévoles accompagnent les bénéficiaires lors des premières démarches auprès des partenaires.
Aller plus loin
Outre le système de carte (voir par ailleurs) mis en place pour accéder aux dons, l’association a mis en place des tirelires chez des commerçants pour recueillir des dons. Autre action envisagée, oeuvrer pour la ville : «On a vu récemment l’état dégradé de l’hôpital. Nous pourrions proposer d’aider à le retaper». L’association compte une quinzaine de bénévoles permanents, et bénéficie du soutien de nombreux contributeurs. Et pour renforcer son action, elle offre des formations aux maraudes : «Il faut juste avoir plus de 18 ans. On informe sur les comportements à avoir dans la rue auprès des pauvres, avant de passer à la pratique. Les initiés témoignent systématiquement d’une belle leçon de vie».