Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Luxe et solidarité pour le Noël des seniors défavorisés
« Vous avez vu comme je danse ? », rigole Simone, canne à la main et chapeau tricolore sur la tête. Comme tous les ans, la vieille dame a partagé un repas de Noël avec une centaine de convives réunis par les Petits frères des pauvres, dans un luxueux hôtel parisien, pour « casser un peu la solitude ». Ici, « je connais tout le monde et tout le monde me connaît », dit cette « fille de la rue » en entrant dans l’établissement trois étoiles de la gare de l’Est, en partie privatisé par l’association. Derrière elle, l’orchestre enchaîne des classiques de Noël et du rock, pour le plus grand plaisir des invités, accueillis avec des petits fours et, surtout, par les sourires et les petits mots personnalisés – «Çava? Les enfants vont bien ? » – des bénévoles. À l’entrée, Mustapha Djellouli se réjouit de revivre ce « moment très fort » qu’il partage depuis huit ans avec les bénéficiaires de l’association pour laquelle il travaille à Paris. La fête se tient dans « un cadre agréable, à la fois populaire et classieux » ,et « c’est fait exprès », précise celui qui accompagne au quotidien des gens en grande précarité : «Leluxe doit aussi être accessible à ces personnes qui n’ont rien », considère-t-il. Âgés de plus de ans, ils ont connu la rue après avoir été « victimes de ruptures multiples » dans leur vie familiale ou professionnelle, décrit-il.
« On n’a pas l’air de pauvres »
Les Petits frères des pauvres, organisation fondée après la Seconde Guerre mondiale, s’emploie à leur trouver un logement pérenne et à rompre leur solitude. Selon une étude réalisée en avec l’institut CSA, personnes de plus de ans connaissent un isolement total (aucun lien familial, amical, de voisinage...) en France. Pour empêcher cette « mort sociale », les quelque salariés et bénévoles de l’association mettent les bouchées doubles lors des fêtes de fin d’année. Dans ce riche décor, où les fauteuils en velours rouge rivalisent avec le blanc immaculé des nappes, « on n’a pas l’air de pauvres », confie Fatouma. Avant de poursuivre : « Vous voyez quelqu’un en difficultés ici ? Non, vous ne voyez pas ça ! ».