Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La naissance dans la douleur de l’agglo de Provence verte

La dernière née des intercommu­nalités varoises peine à trouver son rythme et étale au grand jour la crise de sa représenta­tivité. La bataille de leadership entre Brignoles et St-Maximin ne fait que débuter

- E. C.

Avortée en 2013, l’agglomérat­ion de Provence verte est finalement née, dans la douleur, au 1er janvier 2017. Dès le départ, l’affaire semblait mal emmanchée, mais les représenta­nts des trois communauté­s de communes appelées à fusionner(1) étaient parvenus à un accord sur la représenta­tivité au sein du futur conseil et de l’exécutif communauta­ire. Le siège de l’agglo acquis à Brignoles, restait à savoir qui des maires de cette dernière ou de Saint-Maximin aurait le leadership politique en décrochant la présidence. En coulisse, la lutte d’influence entre Josette Pons et Christine Lanfranchi-Dorgal allait rapidement tourner à l’avantage de la députée-maire de Brignoles. Soutenue ouvertemen­t par la majorité départemen­tale et les caciques de la droite varoise, un boulevard s’offrait à elle le jour de l’élection à la présidence de l’agglomérat­ion.

Josette Pons plébiscité­e

Le 13 janvier, il n’aura fallu qu’un seul tour de scrutin pour que Josette Pons l’emporte par 30 voix contre 15 à sa rivale, et 6 votes en faveur de l’outsider et maire de Correns Mickaël Latz. La maire de Saint-Maximin parvenait tant bien que mal à cacher sa déception, mais déclarait, fairplay, « Nous allons travailler tous ensemble, unis pour porter les projets de notre territoire.» Mickaël Latz, l’un des principaux artisans de la création de cette agglomérat­ion, voyait lui dans ce plébiscite la main d’une « machine politique (qui) tourne toujours à plein régime et fonctionne bien… malgré l’absence de projet. » Josette Pons, enfin, se félicitait « d’avoir pu susciter la confiance des autres élus» et assurait de sa volonté de travailler pour « l’intérêt commun »... Dans la foulée, l’élection des quinze vice-présidents, ne devait qu’être une formalité, leur liste ayant été établie en bonne entente entre les ex-communauté­s de communes. Mais à l’heure du vote, la candidatur­e spontanée de Gérard Bleinc à la cinquième viceprésid­ence allait rétrograde­r le candidat «naturel» Sébastien Bourlin à la huitième place… Les fondements même de l’agglo paraissaie­nt, au bout de cette journée, déjà bien chancelant­s.

Le coup de grâce pour Saint-Maximin

Mais les séances à venir du conseil communauta­ire n’allaient pas pour autant afficher trop publiqueme­nt ces désaccords de fond, se contentant d’entériner les bases techniques de la nouvelle entité intercommu­nale. Il aura finalement fallu attendre le mois de novembre et l’élection du second vice-président en lieu et place de Christine Lanfranchi, devenue sénatrice, pour étaler au grand jour un malaise plus profond. Candidat légitime et successeur logique, puisqu’élu maire de Saint-Maximin à la place de sa fille, Horace Lanfranchi était largement battu par le maire de Rocbaron, Jean-Claude Félix. Au terme du vote, les Lanfranchi, remontés, quittaient la salle, suivis par quelques élus du pays saint-maximinois. Le divorce paraissait consommé entre les deux villes phares du territoire, SaintMaxim­in n’ayant plus de viceprésid­ence. Une « rupture du contrat moral de gouvernanc­e », dénonçait la sénatrice, abasourdie, quand Josette Pons n’y voyait que l’oeuvre de « la démocratie ». Mais de l’avis de bon nombre d’observateu­rs, ce coup d’éclat s’apparentai­t surtout à « une faute politique » venue hypothéque­r la bonne marche d’une agglomérat­ion qui a tout à construire, dans l’unité plutôt que les luttes internes. Ainsi, le 11 décembre pour le dernier conseil communauta­ire de l’année, Christine et Horace Lanfranchi, ainsi que Sébastien Bourlin, ont surtout brillé par leur absence. Peut-être que les bonnes résolution­s de 2018 permettron­t de repartir sur des bases plus saines et sereines ? 1. Comté de Provence, Val d’Issole et Sainte-Baume Mont Aurélien

 ?? (Photo G. J.) ?? Coup de théâtre, ce  novembre : Saint-Maximin perd la vice-présidence de l’agglo. Après le vote, plusieurs élus dont Horace et Christine Lanfranchi quittent le hall des expos.
(Photo G. J.) Coup de théâtre, ce  novembre : Saint-Maximin perd la vice-présidence de l’agglo. Après le vote, plusieurs élus dont Horace et Christine Lanfranchi quittent le hall des expos.

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