Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Un voyage pour la vie
Adel et Hadil. Un couple formé sur les routes de l’exil. En , la guerre civile éclate en Syrie. Ces deux Kurdes de et ans vont se rencontrer et se marier trois ans plus tard, dans un camp de réfugiés en Irak, alors que leurs familles fuient la menace de l’État islamique. Eux vont rallier l’Europe, accompagnés d’Hussein, le petit frère d’Adel, âgé de treize ans à peine. Un périple incertain et interminable, rythmé par la peur et la faim, qu’ils racontent aujourd’hui avec la collaboration de Célia Mercier. Le livre débute par les adieux poignants d’Hadil à sa famille, la peur au ventre mais la volonté d’une autre vie pour boussole. « Je dois partir mais je ne suis pas rassurée. Beaucoup se sont noyés en Méditerranée. J’ai vu des mères devenir folles en apprenant la mort de leur fils ou de leur fille. Les trois filles de nos voisins de camp, devenues mes amies, se sont aussi noyées. » Leur voyage insensé les a conduits en Irak, Turquie, Grèce, Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie, Autriche et Allemagne, avant «d’atterrir» à Juvisy-sur-Orge. Le départ d’Irak a lieu à l’automne , alors qu’Angela Merkel ouvre son pays aux réfugiés, mais dans un contexte étouffant. Le cousin d’Adel, parti auparavant, a vu sa femme et ses quatre enfants périr noyés. La photo d’Aylan, cet enfant de trois ans gisant sur une plage turque, fait au même moment le tour du monde. Adel et Hadil s’efforcent néanmoins de positiver. « En Europe, vous construirez une nouvelle vie » ,les encouragent leurs proches. Ils parviendront au bout de leur rêve, au terme d’un océan de chausse-trapes et d’angoisses : escrocs profitant de la détresse des réfugiés, embarcations surchargées qui prennent l’eau, gardescôtes qui tentent de faire chavirer les canots de migrants, passeurs sans compassion aucune, qui ne font pas cadeau du moindre euro, chaque gilet de sauvetage étant facturé euros pièce, en sus de la traversée de la Turquie vers l’île de Lesbos, puis douze heures durant vers Athènes, à euros par tête. Seuls les bébés voyagent gratuitement…