Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Le Muy développement» lâche le Pôle de la mode
La société qui, depuis 2011, voulait réaliser un vaste complexe sur un terrain de 21 000 m2 au quartier des Valettes au Muy a finalement décidé d’abandonner le projet !
Dire que le projet du Pôle de la mode du Muy a fait débat est un doux euphémisme. Cela fait maintenant six ans que le combat fait rage entre la société Le Muy développement SARL et le collectif DCA Paca regroupant les associations de commerçants de l’Est-Var, de la Dracénie mais aussi du golfe de Saint-Tropez. Six ans de procédures et de rebondissements administratifs afin que ce projet, initié en 2011 sur la commune du Muy par Roberto Bonati, soit définitivement rangé aux oubliettes. Sur un terrain de quelque 21 000 m2, situé au quartier des Valettes sur la commune du Muy, cette réalisation devait réunir sur un même et seul site entre 150 et 200 boutiques exclusivement dédiées à la mode sous toutes ses coutures…
Le Muy développement lâche l’affaire !
Juste avant les fêtes de fin d’année, la nouvelle est tombée ! Le 15 décembre 2017, la société Le Muy développement SARL s’est adressée à la Cour d’appel administrative pour confirmer sa décision de se retirer du projet. Pour autant, Stéphane Iseppi et Robert Bouchard, chefs de file du collectif DCA Paca ne crient pas victoire. « Nous avons tout simplement gagné du temps. Nous pensons que nous n’allons plus parler de ce projet dans les prochains mois avant qu’un nouveau porteur de projet ne refasse surface. » Le collectif a gagné une nouvelle bataille mais, « wait and see comme on dit ! Tant que la modification du POS concernant cette zone ne sera pas effective nous resterons sur nos gardes. Disons que pour les années à venir c’est reculer pour mieux sauter, car cette zone reste constructive à but commercial. Quoiqu’il arrive le collectif DCA Paca existe et existera toujours pour défendre les artisans et commerçants des centres-villes. C’est effectivement plus compliqué de relancer les centres de nos villes et villages que de faire appel à de grosses enseignes », déplorent les deux hommes. Car à leurs yeux, chiffres à l’appui, même les grands centres commerciaux, du type Polygone Riviera à Cagnes-sur-Mer, ne sont pas vraiment viables, « il y a actuellement une vingtaine de procès en cours. Quand il n’y a pas le chiffre d’affaires attendu chaque mois, il devient de plus en plus difficile de payer les loyers… »
« Nous ne sommes pas contre tous les projets »
Histoire de ne pas passer pour d’indécrottables irréductibles envers et contre tous projets, Robert Bouchard poursuit : « Plutôt que de détruire les petits commerçants et artisans qui, soit dit en passant sont 3 millions en France, pourquoi ne pas penser à une zone d’activité dédiée aux loisirs ou encore aux formations dans le domaine du digital ou de l’optique étant entendu qu’il existe des établissements scolaires spécifiques implantés dans le secteur. Nous ne sommes pas contre tous les projets en matière de création d’emplois. Mais pas au détriment d’autres professions… » Pour l’heure les responsables du collectif de la DCA Paca soufflent un peu. Avec l’appui de la Cavem, la CAD et les nombreuses associations de commerçants de l’Est-Var et de la Dracénie, la société Le Muy développement SARL a démissionné devant tant de pugnacité. Les futurs porteurs de projet sont avertis, il faudra bel et bien compter avec eux… Méfiance et vigilance demeurent plus que jamais les mots d’ordre.