Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Médecins en colère, face aux élus LREM
La direction du plus grand hôpital varois a augmenté ses capacités hospitalières pour faire face à la crise… Tandis que des médecins urgentistes dénoncent des choix politiques. Avec fracas
Nous ne vous présentons pas nos voeux et nous ne voulons pas des vôtres pour cette nouvelle année 2018, nous les vivrions comme non sincères et démagogiques.» Celui qui a pris la plume est le docteur Vincent Carret, ancien chef de service des urgences à Toulon et représentant dans le Var de l’Amuf, l’Association des médecins urgentistes de France. Il vient d’adresser un courrier aux députés varois de La République en Marche (LREM) et du MoDem qui ont voté, à l’Assemblée nationale et à la majorité, le financement du système de santé : le PLFSS 2018 (1).
«Une période de hantise pour nos équipes »
« Il me semble bienvenu de ramener les élus au plus près de la réalité du terrain », tance-t-il en traversant, hier après-midi, une salle d’attente des urgences quasiment monopolisée par des paravents, abritant des regards des patients sur des brancards (lire aussi notre édition du 2 janvier). Au-delà de la crise hivernale, dans un contexte de vacances scolaires et d’épidémies, Vincent Carret n’a de mots assez durs pour critiquer l’absence d’écoute des députés varois, membres de la majorité. « Je me permets de vous solliciter en prévision de la période hivernale à venir et redoutée par nos équipes hospitalières », leur avait-il pourtant écrit, en septembre dernier. « Une période de hantise pour nos équipes.» En appelant à « une prise de conscience », en faveur des « seuls et uniques soupapes de sécurité du système de santé en France » : les services des urgences. Les missives du docteur Carret ont été envoyées jusqu’au préfet du Var et au président de la République, en plaidant contre « le manque de politique d’anticipation hospitalière ». L’hôpital se trouva fort dépourvu, quand la crise fut venue. Le médecin hospitalier a de la mémoire, c’est là son moindre défaut. Vincent Carret dénonce « les messages d’alerte » laissés sans réponse. Il fustige encore « la restriction budgétaire et les fermetures de lits à venir », induites selon lui, par le vote de l’automne dernier. 1. Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2018, voté en 1ère lecture en octobre, puis définitivement le 4 décembre 2017.