Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
À l’Hôtel de Caumont, Botero dialogue avec Picasso
Une soixantaine d’oeuvres de l’artiste Colombien sont exposées à l’Hôtel de Caumont aux côtés de vingt toiles du maître cubiste. Une rencontre de « volumes exaltés »
Jeune artiste, le Colombien Fernando Botero rêvait d’« être comme Picasso ». À 85 ans, celui qui se décrit comme le peintre des « volumes exaltés » dialogue jusqu’au 11 mars avec le maître espagnol, à la faveur d’une exposition à l’Hôtel de Caumont. Une soixantaine d’oeuvres de Botero, dont la « Poire » de 1976 ou « La Fornarina » d’après Raphaël datant de 2008, côtoient une vingtaine de toiles issues des collections des musées Picasso de Paris et Barcelone, dont « La danse villageoise » de 1922.
La déformation des volumes
Les deux artistes ont eu des interrogations communes sur la peinture et sur l’art. Leurs oeuvres traduisent un regard moderne sur la figuration. Botero, reconnu pour ses personnages aux formes rondes et voluptueuses, a eu des affinités artistiques avec Picasso, notamment dans la déformation des corps et des volumes. « Avec son génie, sa capacité à faire tous les styles, Picasso a inspiré tous les peintres du monde », assure Fernando Botero, qui admet avoir «vécu de nombreux moments sous son influence ». Comme chez Picasso, les thèmes du cirque, de la corrida, des nus féminins, des natures mortes sont très présents. « Mais j’ai trouvé une façon de m’exprimer personnelle, qui n’a rien à voir avec Picasso », témoigne le peintre colombien.
Un artiste engagé
Pour Cecilia Braschi, commissaire de l’exposition, « le lien et la mise en regard entre les deux peintres permet une analyse de l’oeuvre de Botero, tout au long de sa carrière, avec des facettes très différentes, depuis l’émulation de jeunesse, dans l’ombre de Picasso, jusqu’à la confrontation avec le maître espagnol ». À côté des scènes joyeuses et colorées, les visiteurs vont découvrir des tableaux sombres et empreints de violence, guerres ou tremblements de terre. Car, tout comme Picasso, Botero se revendique artiste engagé qui fait « des tableaux pour la liberté et contre l’injustice ». En parallèle aux peintures, l’exposition présente quelques sculptures de Botero dont son imposant « Cheval » de trois mètres de haut aux formes très arrondies, ainsi qu’une vingtaine de dessins des deux artistes. Le Centre d’Art est ouvert tous les jours de 10 à 18 heures. Tarif : 10 et 13 euros