Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Europe : Macron propose “un partenaria­t” à Erdogan

Le chef de l’Etat a également évoqué avec son homologue turc « des désaccords sur la vision des libertés individuel­les » lors d’une conférence de presse à l’Elysée

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Emmanuel Macron a proposé, hier, à la Turquie un « partenaria­t » avec l’Union européenne (UE), à défaut d’une adhésion, afin de préserver « l’ancrage » de ce pays en Europe. « Il faut [...] regarder si on ne peut pas repenser cette relation non pas dans le cadre du processus d’intégratio­n mais peut-être d’une coopératio­n, d’un partenaria­t avec une finalité [...] c’est de préserver l’ancrage de la Turquie et du peuple turc dans l’Europe et de faire que son avenir se construise en regardant l’Europe et avec l’Europe », a déclaré Emmanuel Macron à l’issue d’un entretien à Paris avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. « Ma volonté c’est que nous fassions davantage ensemble, c’est que la Turquie reste ancrée, arrimée à l’Europe mais je pense que le processus [d’adhésion, ndlr] tel qu’il a été ouvert ne permettra pas de déboucher dans les prochaines années », a insisté le président français lors d’une conférence de presse commune. Pour lui, « il est clair que les évolutions récentes et les choix [de la Turquie en matière d’Etat de droit, ndlr] ne permettent aucune avancée du processus engagé ». Le président turc a répliqué que son pays était « fatigué » d’attendre une éventuelle adhésion à l’UE. « Cela fait 54 ans que la Turquie attend dans l’antichambr­e de l’UE [...] on ne peut pas en permanence implorer une entrée dans l’UE», a-t-il lancé, en rappelant que 16 chapitres de négociatio­n avait été « ouverts et jamais clos » ,sur35au total. « Je pense que l’Union européenne n’a pas toujours bien fait avec la Turquie parce qu’elle a laissé croire que des choses étaient possibles alors qu’elles ne l’étaient pas totalement », a renchéri Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a évoqué les nombreuses arrestatio­ns en Turquie dans le cadre de la violente répression à l’oeuvre dans ce pays depuis le coup d’Etat raté de juillet 2016. « J’ai la pleine conscience des défis que vit aujourd’hui la Turquie », a déclaré Emmanuel Macron, évoquant « les déstabilis­ations putschiste­s ». Mais « nous avons des désaccords sur la vision des libertés individuel­les dans ce contexte », a-t-il reconnu.

Un contrat de défense antimissil­e

Les deux dirigeants ont également discuté de la Syrie, sur laquelle ils ont des points de convergenc­e et d’autres de divergence, comme les processus d’Astana et de Sotchi menés par la Russie, l’Iran et la Turquie. Emmanuel Macron a critiqué ces initiative­s qui « ne construiro­nt pas la paix car elles sont biaisées sur le plan politique », en n’accordant pas assez de place à l’opposition au régime de Bachar al-Assad. Sur le plan bilatéral, Recep Tayyit Erdogan a souhaité que les échanges commerciau­x soient portés à 20 milliards de dollars contre 13,4 milliards actuelleme­nt. Paris et Ankara, tous deux membres de l’Otan, ont signé un contrat d’étude dans la défense aérienne et antimissil­e impliquant le consortium franco-italien Eurosam.

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