Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pulvérisés !
Pour préserver ses pièces de collection en bois, notamment la chapelle Saint-Louis et son mobilier du XVIe siècle, le musée des Comtes de Provence a lancé une désinsectisation
La prolifération d’insectes mangeurs de bois au musée des Comtes de Provence a nécessité une intervention pour préserver le patrimoine, et prévenir de dégâts futurs sur l’ensemble des pièces de collection.
Au coeur du musée brignolais, la chapelle Saint-Louis, érigée au milieu du XVIe siècle, témoigne du patrimoine local. Dès l’entrée se tiennent des portes de bois. En s’approchant de cette structure, on remarque cependant qu’elle est criblée de trous. La faute à une prolifération de larves d’insectes xylophages (qui se nourrissent de bois, Ndlr). Il en est de même pour l’ensemble des pièces de bois installées, plus ou moins dégradées, dans l’ensemble de la chapelle et du musée des Comtes de Provence. L’établissement, géré depuis deux ans par l’agglomération Provence verte (et la communauté de communes avant elle), a décidé d’agir pour préserver son patrimoine. Il a ainsi fait appel à une société spécialisée, non seulement pour pulvériser, mais aussi prévenir la présence d’insectes. Une tâche commencée en décembre et qui s’achève cette semaine.
Diagnostique sanitaire
Le musée des Comtes de Provence porte l’appellation « musée de France ». À ce titre, il est dans l’obligation de mettre en place des actions de conservation préventive. Arrivée en janvier 2017 dans l’équipe du musée en tant que chargée des collections, Camille Robillard a demandé, au vu des dégradations, une étude des lieux : « Nous avions vu des petits tas de sciure au pied d’objets en bois, qui étaient marqués par des trous. C’est un signe distinctif de la présence d’insectes. C’est pourquoi un diagnostic était nécessaire. » En mai dernier, le Centre interrégional de conservation et restauration du patrimoine relève la présence de capricornes des maisons et de vrillettes. « Les larves de ces insectes mangent le bois et creusent des galeries. Elles peuvent y vivre plusieurs années. Le problème, c’est qu’elles peuvent pondre beaucoup d’oeufs à l’âge adulte », indique Camille Robillard. Les trous ronds sont faits par les vrillettes, tandis que ceux en forme de virgule
euros de travaux
Avec l’ensemble des pièces en bois du musée, près de 200 objets doivent être traités. Un chiffre qui inclut la collection « art et tradition populaire », conservée dans la réserve, où l’on trouve du matériel ancien de cordonnier, de tonnelier, ainsi que des objets domestiques. Financé intégralement par l’agglomération, le chantier coûte 10 000 euros. Un coût relativement limité dû au choix de la technique employée : « Nous avons eu plusieurs devis pour traiter ce problème. Nous avons retenu celui de l’entreprise ATH, qui opère avec un gel pulvérisateur. Ce gel permet de tuer les insectes, et empêche toute infestation pendant dix ans. Le procédé est efficace durablement et moins coûteux que d’autres solutions comme le gazage », souligne Camille Robillard. Le gazage, parfois utilisé dans ce genre de cas, nécessite, lui, de répandre du gaz dans toute une pièce ou un bâtiment, et d’évacuer tout habitant dans un rayon de 100 m. Et représente des factures pouvant aller jusqu’à 50 000 euros. Le gel possède, lui aussi, son inconvénient car il ne peut être appliqué que sur du bois brut. Un détail dont s’est accommodée l’équipe du musée, dont le projet, qui s’achève cette semaine, a été approuvé par la Direction régionale des affaires culturelles.