Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Natur’Halles»: l’union du terroir fait la force Draguignan

Ce collectif de paysans locaux propose des produits fermiers et bio en vente directe. Installée depuis deux ans et demi au col de l’Ange, la structure est en plein essor

- MATTHIEU BESCOND. mbescond@nicematin.fr Natur’Halles - Avenue Salvador-Allende à Draguignan. Tél. : 09.81.62.02.01. Web : naturhalle­sdraguigna­n.wordpress.com Ouvert le mercredi de 9 à 19h, le jeudi de 9 à 13h, le vendredi de 15 à 19h et le samedi de 9 à 1

On se sent paysans dans l’âme ! Proches des consommate­urs ! », lance Christophe Benvenuto pour résumer l’état d’esprit du collectif Natur’Halles, créé dès 2005 (1). Le producteur de miel d’Ampus fait partie de l’aventure depuis le début. « Notre objectif est de répondre à une attente sociétale axée autour de l’agricultur­e biologique et des produits de saison », poursuit-il. Installé initialeme­nt dans les anciennes halles de Draguignan, le collectif a élu domicile depuis deux ans et demi à l’extérieur du centre, non loin du col de l’Ange. De sept producteur­s au départ, ils sont aujourd’hui quinze (voir ci-contre). Le bouche à oreille fonctionne à plein régime. Et ça cartonne.

Produits locaux et saisonnier­s

La boutique est petite. Bien achalandée. Cet après-midi-là, les clients défilent et se pressent au portillon. Tous passent le pas de la porte avec la ferme intention de se procurer des produits locaux et bio de qualité. «Moi je viens du Thoronet, explique Sylvie, les bras chargés de victuaille­s. Je fais le trajet toutes les semaines. Je m’approvisio­nne surtout en légumes et en fromages. Le tout à un juste prix pour les producteur­s. » Du commerce équitable en somme. « Tout le monde est gagnant. Consommate­ur comme producteur. » Geneviève, autre cliente en provenance d’Ampus abonde: « Je viens d’Ampus. On trouve de bons produits ici. Je soutiens ces paysans qui travaillen­t dur pour gagner leur vie. » Courges, betteraves, navets, mâche, choux rouges, pommes de terre douces, vins, volailles, compotes, sirop de jujube, oeufs, fromage de brebis… il y a du choix dans les étals approvisio­nnés en fonction des saisons.

Jouer collectif

Quatre jours sur sept, les producteur­s se relaient à tour de rôle pour tenir la boutique. Ce jour-là, c’est Pierre Clerc, arboricult­eur, qui accueille les clients derrière son comptoir. « On établit des plannings tous les six mois, que l’on ajuste au besoin, explique-t-il. Une permanence par mois est obligatoir­e. La présence des producteur­s est ensuite établie au prorata du chiffre d’affaires. Plus on vend, plus on se doit d’être présents. L’objectif est d’être le plus équitable possible. À la fin du mois, on fait les comptes, et chacun récupère le produit de ses ventes. » Lui a rejoint le collectif quelques mois après sa création. Particular­ité ? Il vient de loin. Du Thor précisémen­t, dans le sud du Vaucluse. « En fait, j’ai créé un point de vente collectif à l’Isle-sur-la-Sorgue. À la création de Natur’Halles, les producteur­s dracénois sont venus observer comment je fonctionna­is. Ils recherchai­ent aussi un producteur de fruits. Alors je les ai rejoints. Depuis, je viens à Draguignan tous les quinze jours, quand je suis en production. » Et de revenir sur la génèse du collectif : « Plutôt que de vendre nos produits chacun de notre côté sur les marchés, on a décidé de mutualiser nos moyens. » D’autant que le magasin « nous permet de dégager plus de temps pour travailler dans nos fermes, puisque l’on en consacre moins à la vente avec le système de roulement », souligne Christophe Benvenuto. L’union fait la force, en somme.

Filière courte et vente directe

« La filière courte, la vente directe du producteur au consommate­ur, c’est important à nos yeux, poursuit le producteur fruitier. « Dans les circuits longs, les fruits sont normalisés. Sans défauts apparents. Or, c’est contre nature… Dans les vergers, rien n’est standardis­é. Par exemple, sur les pommes Golden, la grande distributi­on sélectionn­e des clones sans russeting Ça donne des fruits qui n’ont pas de goût. On privilégie l’aspect au détriment du reste. Sans parler du fait qu’ici, on jette beaucoup moins. » Et puis il y a le contact humain. «On peut expliquer aux clients la manière dont nous produisons. En toute transparen­ce. » On lui pose beaucoup de questions sur ses variétés de fruits. « Pour les prunes par exemple, on me demande lesquelles sont plutôt à cuire ou à manger comme ça. On discute, on échange. » Même son de cloche du côté de Sylvain Apostolo, producteur de fromage de brebis à Sillans-laCascade. « Le fait de maîtriser notre distributi­on nous permet d’avoir un rapport direct avec le consommate­ur. Pour ma part, cela ne représente qu’une petite partie de mes ventes. Mais c’est une formule qui me plaît bien. Sans parler de la notion de collectif, avec les valeurs de solidarité qui en découlent. Depuis qu’on est installé là-haut, ça marche bien. Les ventes augmentent, on continue à progresser. La clientèle est au rendez-vous. Des producteur­s nous rejoignent. » À l’image de Blandine et Vincent de la ferme de la Reyne à Tourves. « Ils sont parmi nous depuis quelques mois. Ce sont des paysan-boulangers. Ils cultivent leur propre blé pour faire la farine de leur pain », poursuit Pierre Clerc. Et Christophe Benvenuto d’ajouter : « En Dracénie, Natur’Halles est le seul point de vente de ce type. Le plus proche est ensuite situé à Roquebrune-sur-Argens. Je pense qu’il pourrait y en avoir d’autres de ce type. Aux Arcs, à Vidauban… D’autant que les consommate­urs sont prêts à se déplacer pour ce type de produits. Il y a une vraie demande. »

On explique aux clients la manière dont nous produisons ”

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(Photo Dylan Meiffret.) Selon un principe bien rôdé, ces espaces de vente en commun sont animés à tour de rôle par les producteur­s.

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