Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le curé de St-Tropez bouté hors de son presbytère
Définitivement déménagé de son domicile de la rue Gambetta vendu par le diocèse à un homme d’affaires, le père Jean-Paul Gouarin passait hier sa première nuit à la Belle Isnarde...
Il n’y aura pas eu de miracle. Le père Jean-Paul Gouarin a définitivement dû quitter ses appartements du 38, rue Gambetta. L’épilogue de la vente - qui doit être signée ce 15 janvier - du presbytère à l’homme d’affaires belge Patric Huon pour une somme de huit millions d’euros. Ce qui en fait le plus cher de France. Ce n’est rien de dire que le moral était à l’image du ciel - sombre - , hier, pour le curé de Saint-Tropez, impuissant face aux cartons et autres meubles qui défilent sous ses yeux direction la Belle Isnarde, son nouveau domicile autodésigné par le diocèse de Fréjus-Toulon.
Du «camping» en attendant
« J’avais reçu une lettre du vicaire général précisant que je devais libérer le presbytère à partir du 9 janvier. Il doit d’ailleurs se rendre sur place ce mardi soir pour récupérer les clés. Je suis donc désormais installé à la Belle Isnarde, mais aux dires de l’architecte, la maison n’est pas habitable avant le 10 février... Il manque notamment des équipements de cuisine... On m’a dit que ce n’était pas grave et qu’en attendant je n’avais qu’à «camper»...», raconte un peu déconfit le père Gouarin entre deux allersretours dans le fourgon de DéméSud qui transfert pour quelque 110 m3 de colis. Il faut dire qu’entre les quatre niveaux de l’édifice que certains disent bientôt dédiés à une nouvelle enseigne commerciale, la liste de biens sur le départ est copieuse. Garage, cave à vins et atelier de peinture constellé d’icônes au niveau le plus bas qui ouvre sur le carré d’or de la place de la Garonne, bureau paroissial et armoires à l’entrée, lieu de prière, salle à manger, salon, cuisine garnis de cartons au premier étage, lingerie et archives paroissiales sous les combles... Les déménageurs n’en finissent pas de valser à travers le dédale d’escaliers recouverts de tomettes hexagonales. De son côté, l’association Presbytère tropézien 1928 continue de contester le fait que le curé soit bouté hors du centre-ville et se dit déterminée à défendre jusqu’au bout la conservation de l’actuel presbytère, «rénové grâce aux dons de Tropéziens et faisant partie intégrante du patrimoine local».
Mgr Rey attendu le à Saint-Tropez
« Nous avons en principe une rencontre avec leurs représentants ce mercredi aprèsmidi à l’évêché. De toute façon, il ne faut pas s’attendre à de nouveaux rebondissements dans cette affaire. Les décisions sont actées. Nous sommes conscients des tensions et mécontentements, mais la paroisse tropézienne doit à présent se recentrer sur l’essentiel », élude Aymeric Floury. Ce porte-parole du diocèse varois était d’ailleurs sur place hier soir pour s’assurer de la bonne fin des opérations. Le 19 janvier, ce sera au tour de Mgr Rey de se rendre à Saint-Tropez pour un tout autre sujet. L’ordination du diacre Elvis Castillo. Ce jourlà, c’est le comité d’accueil qui risque de «déménager».