Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un incroyable jeu de pistes

- E.M.

L’affaire de la « tuerie de Nantes » éclatait dans la matinée du 21 avril 2011. Et rebondissa­it le soir même dans l’est-Var. Ce jour-là, cinq corps étaient mis au jour au domicile de la famille Dupont de Ligonnès. Quelques heures plus tard, la voiture de Xavier Dupont de Ligonnès (XDDL) était repérée à mille kilomètres de la maison de l’horreur, sur le parking d’un hôtel bon marché, à Roquebrune­sur-Argens. Le père de famille avait quitté les lieux le 15 avril.

La police orientée dans l’est-Var

Les recherches (et l’attention médiatique) se sont alors concentrée­s sur l’est-Var dans une débauche de moyens : plongeurs, hélicoptèr­e, CRS de haute montagne, spéléologu­es… Même le juge d’instructio­n nantais chargé de l’affaire a fait le déplacemen­t dans la vallée de l’Argens. Les enquêteurs de la PJ de Toulon ont quant à eux dû crapahuter des heures pour entendre l’ermite du Rocher. Et déjà, des monastères avaient été visités dans le Var et le Vaucluse, de même que la maison d’une tante à Grimaud.

Une étape mystère à La Seyne

En parallèle, la police a rapidement retracé le parcours du tueur présumé. Nantes, La Rochelle, Blagnac, Avignon… Roquebrune-sur-Argens. Cinq jours de route. Les enquêteurs ont buté sur l’avantderni­ère étape. Il faudra trois mois pour détecter le détour effectué par XDDL par La Seyne, le 13 avril. Pour cette étape jugée importante mais inexpliqué­e, le quinquagén­aire a pris des précaution­s pour laisser un minimum de trace. Une discrétion qui tranche avec son ostensible « réappariti­on », le lendemain, dans l’est-Var. XDDL aurait profité de ce détour par l’ouest-Var pour contacter une ancienne petite amie (une idylle qui remonte aux années 80, alors que De Ligonnès vivait à La Seyne). La piste seynoise est d’autant plus troublante qu’un lien – ténu – existe entre une petite communauté religieuse et la famille Dupont de Ligonnès. Dans le passé, une religieuse, en disgrâce avec l’Eglise, avait fréquenté ce groupe installé dans les faubourgs de La Seynesur-Mer. Or, cette soeur fait partie des icônes de la mère de Xavier, Geneviève Dupont de Ligonnès. Les deux femmes ont en commun d’être des messagères de Dieu (sic)... De quoi brouiller un peu plus l’énigme criminelle à laquelle sont confrontés les enquêteurs de la PJ de Nantes. Faute d’éléments, une opération de la dernière chance avait fini par être organisée, en 2013, avec une campagne de fouilles dans les anciennes mines des Mayons, dans le centre-Var, un lieu connu pour receler des cadavres dans les années 80 (notamment ceux de la tuerie d’Auriol).

La piste varoise abandonnée

Les années suivantes, le Var avait été délaissé. L’affaire ne rebondit désormais dans le départemen­t qu’à la faveur d’une découverte macabre (les ossements de Bagnols-enForêt en 2015, un corps au Muy en décembre dernier). Et hier, avec les vérificati­ons effectuées au monastère du Saint-Désert à Roquebrune (lire page précédente). Ainsi, sept ans après les faits, les enquêteurs restent incapables de trancher entre la piste d’un suicide « caché » et l’hypothèse d’une cavale.

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