Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

En retard à ses propres obsèques

- JÉRÉMY TOMATIS

Pour une simple histoire de timing et d’organisati­on. Voire de communicat­ion. Feu Pierre Desport est arrivé en retard le jour de ses propres obsèques. Plus de 3 heures après, à Aulnay-sousBois où se trouve le caveau familial. Soit à quelques kilomètres à peine de l’aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle. Un incident qui n’a rien d’un accident. Et qui a transformé le deuil de ses proches en parcours du combattant.

« On pensait le cercueil perdu »

«Le matin des obsèques, le cercueil de mon mari a, dans un premier temps, été transporté à l’Athanée de Cagnessur-Mer par la société de pompes funèbres Roc Eclerc, pour la mise en bière, raconte Nicole Desport, la veuve. Puis nous sommes repartis vers l’aéroport. » Nicole est Antiboise. Avec trois membres de sa famille dont son fils et sa fille, elle embarque dans l’avion d’Air France et décolle pour Paris à 12h15. Ils atterrisse­nt même avec un peu d’avance, vers 13h30. «Jusqu’ici, tout va bien. C’est lorsqu’on a atterri que nous avons réalisé que quelque chose clochait. » La dépouille de Pierre Desport manque à l’appel, alors que les obsèques ont lieu à 16 heures, deux heures et demie plus tard. « Mon fils est allé demander des renseignem­ents au commandant de bord, qui lui a certifié qu’il n’y avait pas de cercueil dans l’avion. Et l’a renvoyé vers le comptoir Air France. On pensait que le cercueil de mon mari avait été perdu… il est arrivé en début de soirée, sur un autre vol, plus de trois heures après l’heure prévue de l’enterremen­t.»

« Tout le monde s’en fout »

Nicole et son fils passent la nuit à l’hôtel, aux frais de la compagnie aérienne. Sa fille, elle, doit rentrer à Nice. Et ne peut, par conséquent, assister aux funéraille­s de son père. Le caveau familial, ouvert en amont pour les obsèques, doit être refermé. La cérémonie n’aura pas lieu non plus le lendemain, mais le 24 novembre en début d’après-midi. « Pretium doloris… mon combat pour la vérité, c’est le prix de la douleur. J’espère être indemnisée à hauteur du préjudice que j’ai subi. Je ne veux pas porter plainte. Mais je veux savoir. » Depuis l’enterremen­t, Nicole Desport patiente tant bien que mal. Pour connaître la vérité. Et enfin faire son deuil. «J’ai envoyé un courrier en recommandé à Air France, sans réponse. On ne me dit rien. Tout le monde s’en fout. » Contactés (lire par ailleurs), les trois acteurs de ce couac aérien, Roc Eclerc, Air France et Fatton Overseas – en charge du transport du cercueil sur la zone de fret de l’aéroport –, se renvoient la balle. Nicole Desport a saisi le tribunal d’instance d’Antibes. Et est convoquée à comparaîtr­e, avec Air France et Fatton Overseas, le 29 mars prochain.

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(Photo Eric Ottino) Nicole Desport espère être indemnisée après le préjudice qu’elle et ses proches ont subi.

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