Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Mort de Rémi Fraisse : non-lieu en faveur du gendarme
Plus de trois ans après la mort de Rémi Fraisse à Sivens (Tarn) la justice a délivré hier un non-lieu en faveur du gendarme ayant tiré la grenade qui a tué le militant écologiste. Une décision vivement critiquée par le père de celui-ci, qui dénonce une « justice aux ordres ». « L’ordonnance de non-lieu était inévitable car personne n’avait été mis en examen, donc ce n’est pas réellement une surprise », a indiqué l’avocat du gendarme, Me Jean Tamalet. « Par ailleurs, le réquisitoire définitif [du parquet de Toulouse, Ndlr] réclamait un non-lieu en insistant sur les fruits de l’instruction qui concluaient à un épouvantable accident » , et « [rappelant] qu’il y avait eu une instruction fouillée, de nombreuses expertises, et que l’emploi de la force avait été proportionné à la situation ».
« Dans quel pays vivons-nous ? »
« On s’y attendait. Tout a été fait par les juges et le parquet pour une instruction à décharge des gendarmes », a au contraire lancé Jean-Pierre Fraisse. Selon lui, « de toutes les façons, la décision a été prise à un haut niveau. La justice est aux ordres, point barre.» Et de s’insurger : « La raison d’État de deux gouvernements successifs a prévalu alors qu’il n’y avait aucune raison puisqu’il y a mort d’homme. La raison d’État ne gouverne pas la justice. Si la France n’est pas capable de faire toute la vérité alors qu’il y a mort d’homme, dans quel pays vivons-nous?» 1. Rémi Fraisse, âgé de 21 ans, avait succombé à l’explosion d’une grenade tirée par un gendarme lors d’affrontements sur le chantier de la retenue d’eau controversée de Sivens, le 26 octobre 2014.Trois semaines plus tard, le gouvernement avait annoncé l’interdiction des grenades offensives à l’origine de ce décès, après avoir suspendu leur utilisation.