Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Marine Le Pen sur tous les fronts
La présidente du Front national était hier à la rencontre des cadres et militants de la Fédération varoise. L’occasion de se replacer pleinement dans le jeu politique avant le congrès de refondation
Ballons tricolores sur les tables, affiches de campagne aux slogans identitaires placardés aux murs… c’est dans une salle des fêtes aux couleurs du Front national que Marine Le Pen avait convié, hier, plusieurs centaines de militants et cadres locaux du parti, pour un déjeuner entre amis. Au menu de ces retrouvailles très politiques, une attaque en règle de l’action du président Macron et de «la dictature des commissaires de Bruxelles». Dans la foulée de ses déplacements sur le terrain et prises de position tous azimuts de ces derniers jours, la présidente du Front national semblait bien décidée à reprendre la main. Comme pour mieux conjurer le revers de l’élection présidentielle depuis laquelle elle s’était faite si discrète.
Tâter le terrain militant
Au Luc, c’était ainsi pour elle l’occasion de parler immigration, souveraineté, insécurité et ruralité. « On continue à imposer des migrants dans les villes et villages qui ne l’ont pas choisi, comme ici », expliquait-elle en référence à la trentaine de jeunes qui sera prochainement accueillie dans un foyer de travailleurs de la commune. «Avec « le droit d’asile détourné de sa vocation, ce sont des millions de migrants que nous aurons à accueillir dans nos campagnes. On a déjà dépassé les 100 000 l’an dernier… c’est l’équivalent d’une ville comme Brest qu’il faut répartir sur le territoire.» Puis au détour d’une revue de presse des faits-divers récents, elle a égrainé pêle-mêle les agressions intolérables des forces de l’ordre ou gardiens de prison, la « culture de l’excuse »et« l’idéologie perdue du syndicat de la magistrature ». Des thèmes de choix pour renouer avec ses fondamentaux et imprimer dans l’opinion un discours combatif pour s’ériger en leader de l’opposition sur ces sujets. Elle en a surtout profité pour esquisser le devenir du Front national, à la veille de son congrès de refondation.
De l’importance de l’ancrage local
Éclipsant dans son discours la question du changement de nom du parti, elle déclarait néanmoins, à la descente de la tribune, vouloir « envoyer un certain nombre de signaux, pour montrer que le FN est passé d’un parti d’opposition à un parti aspirant à gouverner. Si les militants en décident ainsi, le changement du nom est une des solutions… » Et si 2018 est pour elle « une année sans élection, elle est historique pour construire les victoires de demain. » Avec déjà en ligne de mire les prochaines échéances européennes de 2019, à l’issue desquelles elle espère qu’« une majorité existera avec (ses) alliès des différents pays afin que soit engagé sans tarder le processus de refonte de l’Union européenne. »Un« combat à mener sur tous les fronts », prévenait-elle en ajoutant qu’« on ne gagne pas sans appui, sans réseau, sans maillage territorial.» Pour preuve, « les meilleurs résultats obtenus aux législatives et à la présidentielle dans les endroits où notre implantation est ancienne. » Une façon de remercier la fidélité des militants varois, dont la Fédération est l’une des plus importantes de France, et ses élus locaux comme le maire du Luc Pacsal Verrelle, qui « malgré le terrorisme intellectuel ambiant mérite d’être félicité pour sa clairvoyance et son courage. »