Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Régusse : démonstration de force de la Confédération paysanne
A l’appel du syndicat agricole, une centaine de personnes ont ouvert hier l’accès à un chemin privé. Celui-ci était fermé à cause d’un conflit entre les propriétaires et les locataires
Une ambiance bon enfant, de la musique, des tracteurs et une détermination sans faille. Hier à Régusse, la Confédération paysanne du Var a mobilisé une centaine de personnes, agriculteurs ou simples citoyens, pour soutenir Sandrine Fernandez et Jean-Pierre Moutte. Ce couple élève des moutons et occupe une bergerie dans le cadre d’une convention de pâturage signée en 2009 avec la SCI Domaine de la Tour, propriété d’une famille russe. Depuis 2012, les deux parties sont en conflit, les propriétaires ayant mis le domaine en vente cette année-là. Il ne le serait plus depuis. Par ailleurs, les exploitants, qui se disent harcelés, ont saisi le tribunal paritaire des baux ruraux pour demander une requalification de la convention en bail à ferme. L’affaire s’est envenimée lorsque des barrières ont été installées par les propriétaires sur l’un des chemins qui mène à leur maison et à la bergerie. Un autre existe, mais il est impraticable pendant ou après les pluies. «Les enfants ont manqué l’école pendant dix jours en décembre », aexpliqué Sandrine Fernandez. L’impossibilité de faire monter des engins agricoles est aussi une gêne pour l’exploitation agricole.
Les gendarmes en médiation
En présence d’une dizaine de gendarmes assurant la médiation, et d’Anne Houy, maire de Régusse, Sylvain Apostolo et Francis Girard, porte-parole de la Confédération paysanne, ont discuté avec Dimitri Poludnitsin, représentant la SCI, et JeanPierre Moutte. Pendant ce temps, la fanfare de la Redonne jouait, les manifestants chantaient et demandaient « de l’air, de l’air, ouvrez les barrières ». Malgré les trésors de diplomatie déployés par le commandant de la brigade de gendarmerie de Salernes, l’entretien a tourné au dialogue de sourds. M. Poludnitsin a refusé d’enlever la chaîne bloquant l’accès. Celle-ci a été soulevée et les participants sont passés, à pied et dans le calme, suivis par les tracteurs sur le chemin de la discorde, où ils ont fait sauter le cadenas de deux autres barrières. Devant la bergerie, Sylvain Apostolo a souligné que « cette mobilisation démontre que les fermiers ont des droits et ils doivent être respectés. Les gens qui ont de l’argent veulent les virer pour faire de la plus-value. La terre est faite pour produire. » Sandrine Fernandez a remercié tous ceux qui ont répondu à son appel à l’aide et offert le verre de l’amitié. Les juges du tribunal des baux ruraux diront le droit.