Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Assisesdu Var : sanglante rixe conjugale à Draguignan

Sur fond de garde d’un enfant après la séparation, un couple s’était entredéchi­ré, au propre comme au figuré, une nuit de l’été 2015. Tous deux invoquent des réactions de défense

- G. D.

Quand son ex-compagne est entrée hier matin dans le box de la cour d’assises du Var, Fabrice Pietri a éclaté en sanglots. Au long de la journée de débats, il a eu plusieurs autres débordemen­ts d’émotion du même type. « Ce n’est pas facile de revivre tout ça, a-t-il indiqué au président Guyon. Je me revois quand nous nous battons dans le couloir, plongé dans le noir. C’est là que j’ai réalisé que j’avais la gorge tranchée. Je croyais que j’allais mourir. »

Tous les deux gravement blessés

Les médecins légistes expliquero­nt aujourd’hui à la cour dans quelles conditions Fabrice Pietri, 44 ans, a été soigné. La nuit des faits, vers 3h30 le 8 juillet 2015, perdant son sang en abondance, il avait trouvé la force de se rendre à pied aux urgences de l’hôpital de Draguignan, distant de 200 mètres de son domicile. Sylvia Martin, 32 ans, avait elle aussi été admise à l’hôpital cette nuit-là, mais inconscien­te. Elle avait été trouvée par les policiers dracénois, face contre le sol dans l’appartemen­t de Fabrice Pietri, avec une fracture de la mâchoire et le bras gauche cassé. Devant la cour d’assises, Sylvia Martin doit répondre d’une tentative d’assassinat sur Fabrice Pietri. Quant à son ex-compagnon, qui dit avoir agi en état de légitime défense, il est tout à la fois victime, mais aussi poursuivi pour le délit de violences volontaire­s aggravées sur Sylvia.

Pour la garde de leur fils

C’est leur goût commun pour la nature qui a rapproché en 2010 les deux protagonis­tes de ce procès. Une passion solidement ancrée chez Sylvia, qui avait multiplié les stages et les formations dans les domaines de l’élevage, de l’agricultur­e biologique et des activités de pleine nature, basées sur la notion de survie. Fabrice avait surtout une formation en philosophi­e et rêvait d’enseigner. Mais il a eu le coup de foudre. Leur entente s’est cependant effilochée dès avant la naissance de leur fils en juillet 2012. Après une première rupture pendant quelques mois, Sylvia Martin a quitté définitive­ment le domicile conjugal de Draguignan en janvier 2015. Devant le juge aux affaires familiales, puis la cour d’appel, Fabrice Pietri a obtenu le 3 juillet 2015 que la garde de l’enfant lui soit confiée, cinq jours avant les faits.

Défense invoquée des deux côtés

Sur le déroulemen­t de la scène de violence qui les a opposés, Sylvia et Fabrice ont approximat­ivement raconté la même chose. Sur leurs motivation­s, ils sont en contradict­ion, l’un et l’autre revendiqua­nt des gestes de défense. Sylvia Martin a reconnu s’être introduite chez son ex-compagnon, armée d’un couteau, d’un marteau et d’un pied-de-biche. Mais elle a soutenu qu’il s’agissait pour elle de trouver des preuves de l’addiction au cannabis de Fabrice Pietri, pour que la garde de leur enfant lui soit retirée. Selon elle, il s’était réveillé alors qu’elle cherchait du cannabis dans sa chambre et l’avait agressée. Elle n’avait porté des coups de couteau que pour se défendre. Fabrice Pietri affirme qu’elle l’a égorgé dans son sommeil et qu’il s’est défendu pour survivre. « Je me suis réveillé. Elle était en train de m’observer. Il y a eu un changement dans ses yeux. Elle serait les dents. J’ai compris qu’elle était là pour me tuer. »

 ?? (Croquis d’audience Rémy Kerfridin) ?? Défendue par Me Darrigade, Sylvia Martin a contesté avoir voulu tuer son ex-compagnon.
(Croquis d’audience Rémy Kerfridin) Défendue par Me Darrigade, Sylvia Martin a contesté avoir voulu tuer son ex-compagnon.

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