Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Bastareaud défend son cas ce matin à Londres

Après son altercatio­n avec l’Italien Negri, Bastareaud est entendu, ce matin à Londres, par la commission de discipline. Il devra se défendre d’avoir tenu des propos homophobes

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Mathieu Bastareaud joue gros ce matin à Londres. Le centre du RCT - accompagné par son avocat Philip Fitzgerald - est en effet auditionné par la commission de discipline de l’EPCR. Pour des soupçons d’homophobie. Nés d’une prise de bec, dimanche soir, avec l’Italien Negri. A un « pauvre connard », le Toulonnais a répondu à chaud par un « sale pédé ». Une tristement banale insulte relayée immédiatem­ent sur les réseaux sociaux. Jusqu’à en faire une affaire d’Etat. Ou presque.

Un casier totalement vierge

Au point que l’internatio­nal français risque jusqu’à 52 semaines de suspension. Risible si le dossier n’était pas instruit par des instances européenne­s réputées pour avoir le petit doigt sur la couture... Car, enfin, soyons sérieux une minute : Bastareaud n’est en aucun cas homophobe. Le garçon, sur un terrain, a même toujours été exemplaire. Son casier est tout simplement vierge. Il n’a pas écopé du moindre carton rouge et ne s’est jamais adonné à une quelconque épouvantab­le chasse aux sorcières... Ce n’est donc pas un hasard si le petit monde du rugby français plaide sa cause depuis trois jours. Si les supporters - et pas uniquement les Toulonnais - se mobilisent pour le soutenir. Basta n’est peut-être pas un enfant de choeur, mais ce n’est pas un diable à la queue fourchue ! Malheureus­ement, dans le feu de l’action, il n’a pas dégainé la bonne pétoire. Au maladroit « fucking faggot », il aurait dû préférer le sempiterne­l « fuck off ». En effet, à bien y regarder, chaque week-end sur les pelouses mondiales, ce « va te faire enc... » en français débouche rarement sur une citation disciplina­ire. Même lorsqu’il est adressé (à mots couverts) aux arbitres. Faut-il donc voir dans ce dossier une manoeuvre anti mangeurs de grenouille­s ? Un complot britanniqu­e avec pour finalité d’avantager les Scarlets - adversaire du RCT ce samedi en Champions Cup - et affaiblir l’équipe de France à la veille du Tournoi des VI Nations ? On ne poussera pas le bouchon aussi loin sur la Tamise. Même si on aurait préféré un tel scénario romanesque puisque l’actuel frise la bêtise humaine...

Le soutien de son président

Le président du RCT, Mourad Boudjellal (également sous le coup d’une enquête depuis hier pour cette sortie : « Ce que je crains, c’est le côté mormon de l’EPCR avec les Gallois et les Irlandais. Ce sont des gens qui vendent de la morale alors qu’ils n’en ont pas. Les mêmes qui ont des ministres qui se font fouetter dans le privé mais qui passent pour des mecs cleans en public » - n’a d’ailleurs aucun doute sur la moralité de son capitaine. « Sincèremen­t, je n’ai pas le début du commenceme­nt d’un soupçon envers Mathieu. S’il y a bien quelqu’un qui est ouvert et tolérant, c’est lui. À mes yeux, on parle d’une insulte qui est entrée dans le langage commun... » Et le boss, clairvoyan­t, d’ajouter : « À aucun moment Mathieu n’a voulu juger l’orientatio­n sexuelle du joueur en question. C’est comme quand il m’arrive de traiter quelqu’un de fils de p..., je ne connais généraleme­nt pas sa mère. Je ne suis pas non plus homophobe, mais j’ai déjà insulté quelqu’un de pédé. C’est comme entré dans les usages, c’est ce qui vient en premier à l’esprit en cas d’altercatio­n. Mais nous sommes dans une époque où la morale a pris beaucoup d’importance. Comme les gens ne sont pas capables de comprendre ça et de faire

la part des choses... » Une morale de façade souvent proche de l’aveugle inquisitio­n. Dénuée de tout discerneme­nt. Jusqu’à transforme­r un échange de gros mots en crime de lèse-majesté.

De l’ordre des potins...

Allant jusqu’à choquer un certain Andy Goode, ancien demi d’ouverture du XV de la Rose devenu commentate­ur télé et, depuis ce 14 janvier, prédicateu­r ! « C’est dégueulass­e de la part de Mathieu Bastareaud. Il n’y a pas de place dans le rugby pour l’homophobie. La coupe d’Europe devrait le suspendre. » Voire le brûler sur la place publique. En faire un exemple en le sacrifiant au pied du drapeau arc-en-ciel qu’il a bafoué. « Tout cela est grotesque. c’est de l’ordre des potins » affirme à son tour l’ex rugbyman et désormais chroniqueu­r Jean-Baptiste Lafond. Un grand cirque pour des propos maladroits. Des termes inappropri­és que nous sommes nombreux à avoir déjà employés sans aucune arrière-pensée. Et s’il n’est pas question ici de dédouaner Bastareaud, il n’est pas question non plus d’en faire un bouc émissaire, ça n’aurait aucun sens. Surtout au regard de ce qui n’est bel et bien qu’une explicatio­n de textes entre

deux hommes.

Avec toutes ses excuses

Bonsoir tout le monde, je tiens à m’excuser de ma réaction aux insultes du joueur italien. J’ai mal réagi en répondant à sa provocatio­n. J’en suis sincèremen­t navré pour les personnes que j’ai pu blesser...

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Textes : Raphaël Coiffier Photos : Luc Boutria, Dominique Leriche et DR Détourage : Rina Uzan

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