Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les urgences pédiatriqu­es Paca-Est au bord de la rupture

Record battu: avec 313 enfants accueillis au plus fort de l’épidémie de grippe, le service niçois a atteint ses limites. Si aucun incident n’est à déplorer, les profession­nels sont inquiets pour l’avenir

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Chronique d’un drame annoncé. Deux épidémies qui se superposen­t – la grippe et la bronchioli­te – ; une période de fêtes qui rime invariable­ment avec vacances pour une majorité de Français, dont les profession­nels de santé ; une permanence de soins dont on déplore à l’envi et depuis des années les défaillanc­es… Bref, il n’en fallait pas plus pour que les urgences pédiatriqu­es de Nice, les seules de toute la région Paca-Est ne débordent. «Le 25 décembre dernier, nous avons atteint le chiffre record de 313 enfants accueillis ! À la même date, l’an dernier, ils étaient 145 », des situations malheureus­ement non exceptionn­elles. Sans l’oeil exercé d’un médecin aguerri, attentif à quelques signes d’instabilit­é, des détails, ces jeunes patients auraient pu rentrer chez eux sans diagnostic… Le pire aurait pu alors survenir. »

Au moins  à  heures d’attente

En 2010, date à laquelle la pédiatrie de l’hôpital L’Archet (CHU de Nice) fusionnait avec celle de la fondation privée Lenval, les urgences enregistra­ient 150 à 180 passages par jour. «À ce rythme, le temps d’attente pour les patients était de 3 à 4 heures. En dépassant les 200, il grimpe à 4 à 5 heures, voire beaucoup plus, note le Dr Tran. Nous avons aujourd’hui atteint nos limites en termes de plateau technique : le personnel médical et la surface du service n’augmentent pas suffisamme­nt par rapport à la progressio­n quasi inexorable de la patientèle. » Une progressio­n attestée par les chiffres : de 45 000 enfants pris en charge en 2010 dans le service d’urgences pédiatriqu­es de Nice à 59 000 en 2016, et même plus de 62 000 en 2017. Soit une augmentati­on de 2 à 4 % chaque année depuis la fusion des établissem­ents. Et, « aujourd’hui, l’accès aux urgences, du fait du chantier du tramway, est difficile. Lorsqu’il s’achèvera, très prochainem­ent, le flux des patients risque d’augmenter, et on peut craindre une aggravatio­n de la situation dès l’hiver prochain. » C’est tristement prévisible. Tous les ans, à la même période, les services d’urgence sont dans la tourmente. Et c’est la même histoire que l’on écrit. Il fut un temps, lointain, où leur mission, prioritair­e, était la prise en charge des besoins de soins immédiats. Cette mission, ils l’ont toujours. Mais, de façon pernicieus­e, ils en ont vu bien d’autres leur être confiées. Parce que la société a changé. Parce qu’aujourd’hui, lorsque nous sommes malades, il nous faut une réponse rapide. Parce que le médecin généralist­e que l’on pouvait appeler de jour comme de nuit, week-end compris, a disparu. Parce que les urgences sont un des derniers lieux où il n’est pas nécessaire d’avancer les frais. Parce que… Nos dirigeants peuvent faire comme si tout ça n’existait pas, rien n’avait changé. Se dire que, lassés d’attendre des heures aux urgences, les gens qui ne nécessiten­t pas de soins immédiats iront ailleurs. Où ? La fréquentat­ion des services d’urgence ne cesse de progresser. Ne serait-il pas temps de prendre acte de cette réalité et d’apporter la réponse adaptée ?

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