Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Assises : l’avis des experts sur le crime de Draguignan

Entaillé à la gorge par son ex-compagne, Fabrice Pietri a eu la chance que la carotide ne soit pas touchée. Pour le psychiatre, Sylvia Martin n’avait pas son entier discerneme­nt lors des faits

- G. D.

Dans le procès qui oppose Sylvia Martin à son ex-compagnon Fabrice Pietri, la première étant poursuivie pour tentative d’assassinat et le second pour violences aggravées, la cour d’assises du Var a longuement entendu hier quantité d’experts. Sur les circonstan­ces dans lesquelles le couple séparé s’était affronté, dans le huis clos de la chambre conjugale le 8 juillet 2015 à Draguignan, certains n’avaient pas d’éléments déterminan­ts à apporter à la réflexion des jurés. Le toxicologu­e a conclu que ni l’un ni l’autre n’était sous l’effet de l’alcool, d’une drogue, ni d’un médicament. Rien de notable sur leurs téléphones portables ou leurs ordinateur­s, si ce n’est les recherches qu’avait faites Sylvia Martin sur le thème « consommati­on de cannabis et garde d’enfant ». «Je cherchais des solutions pour apporter des éléments au système judiciaire », a-t-elle répondu au président.

Plaie superficie­lle et impression­nante

L’expert en morphoanal­yse des traces de sang, de l’institut de recherches criminelle­s de la gendarmeri­e, a pour sa part noté que les traces de sang visibles sur le mur de la chambre, à la tête du lit de Fabrice Pietri, avaient été projetées faiblement par une plaie. « Une plaie très saignante, avec un petit signe de pression » ,a complété l’expert à la demande de la défense de Sylvia Martin. Ce qui rejoignait les conclusion­s du médecin légiste qui avait examiné Fabrice Pietri. Il avait noté deux plaies par arme blanche à la gauche du cou, l’une de 20 cm, l’autre de 10 cm. La lame était allée jusqu’au muscle et avait entaillé les veines, mais l’artère carotide n’avait pas été touchée. Il avait qualifié ces lésions de « superficie­lles ». Sur le fait que Fabrice Pietri a eu la sensation de beaucoup saigner, mais a quand même pu se rendre aux urgences à pied : « La plaie était impression­nante », a expliqué un second légiste. « C’est très hémorragiq­ue parce que ce sont les veines qui ont été coupées. Ça ne s’arrête pas, mais ça saignotte. On a plus de temps pour intervenir. Alors qu’une plaie à la carotide aurait été mortelle rapidement. »

Discerneme­nt altéré

Le psychiatre n’a pas trouvé chez Fabrice Pietri de troubles susceptibl­es d’altérer son discerneme­nt. Selon lui, «le réflexe de défense peu proportion­né et très agressif qu’il a eu envers son ex-compagne peut être mis en relation avec un antécédent de crises de panique à l’âge de 30 ans ». En revanche, un autre expert a estimé que l’on pouvait retenir une altération du discerneme­nt de Sylvia Martin au moment des faits. « Elle traversait un état de rumination anxieuse. Elle surprotége­ait son fils de manière pathologiq­ue. Elle dramatisai­t anormaleme­nt le danger qu’elle pensait que son fils allait courir en rencontran­t son père. » En détention, Sylvia Martin est suivie par un psychiatre et un psychologu­e pour travailler sur ses problèmes. Elle a régulièrem­ent des nouvelles de son fils, qui vit auprès de son père. « Je sais que ça se passe bien, que Fabrice a des ressources pour notre fils. » Après l’audition des derniers experts, la parole sera donnée aujourd’hui à l’avocat général.

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