Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Migrants : humanité et fermeté affichées par Macron
Le Président a prononcé, hier à Calais, un discours sur sa politique migratoire alors que des associations critiquent vivement le projet de loi asile-immigration
Agacé par les critiques, Emmanuel Macron a défendu à la fois, hier à Calais, «undevoir d’humanité » vis-à-vis des migrants et le respect de « l’ordre républicain », assurant qu’« en aucun cas » l’Etat « ne laissera se reconstituer une “Jungle” ». Le chef de l’Etat, qui s’exprimait devant les forces de l’ordre à Calais, a affirmé qu’il ne laisserait « personne caricaturer » leur travail, mais les a appelés à être « exemplaires » envers les migrants. A l’adresse des associations, Président Macron a lancé un appel à la « responsabilité », en déplorant les « mensonges » diffusés « par de trop nombreux » acteurs et « qui nuisent à notre efficacité collective ». Revendiquant « un discours de vérité », Emmanuel Macron a averti les migrants que « rester à Calais », dans l’espoir de passer illégalement au Royaume-Uni, « constitue une impasse ». « L’ordre républicain vaut pour tout le monde », a-t-il affirmé. « Il y a un devoir d’humanité, mais il y a aussi le devoir de respect de la loi de la République. »
« Ils gazent les tentes »
Pendant ce temps, près du terminal des ferries, des dizaines de migrants patientaient à un point de distribution de l’association Salam. La plupart d’entre eux ont passé la nuit dans le froid sous des tentes dans les bois. Un groupe d’Ethiopiens témoigne des opérations policières menées la nuit. « Ils gazent les tentes pendant qu’on dort. Ils prennent les tentes, les sacs de couchage, même les médicaments donnés à l’hôpital. Ils nous parlent pas, juste pssht, pssht [le bruit des gaz lacrymogènes, ndlr] », raconte Dawit, 21 ans. « Je ne peux pas laisser accréditer l’idée que les forces de l’ordre exercent des violences physiques ou confisquent les effets personnels » des migrants, ou « utilisent des gaz lacrymogènes sur les points d’eau », a lancé Emmanuel Macron dans son discours, en avertissant cependant que « si cela est fait et prouvé, cela sera sanctionné ». Accompagné notamment du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, le chef de l’Etat a annoncé une « prime exceptionnelle de résultat » en 2018 pour les forces de l’ordre affectées dans le Calaisis. Le déplacement dans le Pas-de-Calais d’Emmanuel Macron intervient en plein débat sur le projet de loi asile-immigration qui doit être présenté en février, attisé par une circulaire très controversée sur le recensement des migrants. Hier, plusieurs personnalités, dont certaines proches du chef de l’Etat comme Jean Pisani-Ferry ou Thierry Pech, ont signé dans Le Monde une tribune très critique à l’égard de la politique migratoire du gouvernement.
Visite à Londres
A deux jours d’un déplacement à Londres, le chef de l’Etat a évoqué les pistes de travail avec les Britanniques : « mieux gérer » le dossier des mineurs isolés non accompagnés, « renforcer la coopération policière à Calais » ainsi qu’« avec les Etats d’origine et de transit », et «développer un fonds pour soutenir les projets importants pour le Calaisis ».