Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Coup d’envoi des états généraux de la bioéthique

Ce sera l’occasion, jusqu’au 7 juillet, de débattre de la PMA, de la GPA, de la fin de vie, mais aussi de sujets plus techniques autour de la médecine du futur

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uel monde voulons-nous pour demain? » Pour répondre à cette question, des sujets brûlants comme la PMA, la fin de vie ou l’intelligen­ce artificiel­le seront débattus ces prochains mois dans le cadre des états généraux de la bioéthique, lancés hier. Pilotés par le Comité consultati­f national d’éthique (CCNE), ces débats, qui dureront jusqu’au 7 juillet, doivent nourrir la prochaine loi bioéthique, attendue au Parlement à l’automne pour réviser celle de 2011. « Le CCNE a souhaité que le périmètre des thématique­s des Etats généraux soit largement ouvert », a expliqué son président, Jean-François Delfraissy, hier lors de la conférence de presse de lancement. Le programme comprend neuf thèmes. Deux sont sociétaux : la procréatio­n (PMA et GPA) et la fin de vie. Les autres sont dictés par les progrès de la science : recherches dans le domaine de la reproducti­on, génétique, don d’organes, données de santé, intelligen­ce artificiel­le, neuroscien­ces et rapport santé/environnem­ent. Tous soulèvent de lourdes questions philosophi­ques. La principale: « Est-ce que c’est parce qu’on sait faire quelque chose sur le plan technique qu’on doit forcément le faire? », résume Régis Aubry, membre du CCNE. Cette vaste concertati­on aboutira à un rapport de synthèse remis dans la deuxième quinzaine de mai. Elle s’appuiera sur plusieurs outils. Parmi eux, une consultati­on en ligne via un site lancé début février, des conférence­s-débats dans les régions ou un « comité citoyen », échantillo­n d’une vingtaine de personnes représenta­tif de la population, qui produira son propre rapport. En outre, le CCNE mènera à partir de la mi-février une série d’auditions avec des associatio­ns ou les autorités religieuse­s.

Evolution de l’opinion

Elles pourront exprimer leur position sur certains sujets polémiques, au premier rang desquels l’ouverture de la procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA) aux femmes célibatair­es et aux couples de femmes. En juin, le CCNE s’est prononcé pour cette ouverture, à laquelle est favorable Emmanuel Macron. Selon un récent sondage Ifop paru dans La Croix, six Français sur dix sont favorables à la PMA pour les couples de femmes. Ils étaient un peu moins d’un quart en 1990. Ce sondage montre aussi que près de deux-tiers des Français sont favorables au recours à une « mère porteuse » ou GPA (gestation pour autrui), pratique interdite en France et à laquelle est opposé le président Macron. « Dix-huit pour cent y sont favorables «dans tous les cas » et 46 % « pour des raisons médicales seulement », c’est-à-dire pas pour les couples d’homosexuel­s. Un collectif de 110 personnali­tés, dont les intellectu­els Pierre Rosanvallo­n et Élisabeth Badinter, vient de réclamer un « débat de fond » sur la GPA, dans une tribune publiée par Le Monde. Les discussion­s sur la PMA et la GPA seront l’occasion pour la Manif pour tous de remonter au créneau, cinq ans après les manifestat­ions contre le mariage homosexuel. Les lois de bioéthique datent de 1994. Une première révision avait eu lieu en 2004, avant celle de 2011.

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