Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Enfin, le retour de la confiance?
Le vice-président de l’UPV voit la confiance des entrepreneurs du territoire revenir, dans un contexte politique national et local positif. «La dynamique doit maintenant être accompagnée»
Il sait de quoi il parle. En termes d’économie locale comme de projection à l’international, Jean-Jacques Bréban est l’interlocuteur privilégié pour prendre le pouls de la conjoncture en Provence verte. P.-d.g. des vins éponymes, président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence et vice-président de l’Union patronale du Var, le Brignolais voit poindre un nouveau cycle vertueux pour les agents économiques, la reprise mondiale s’accompagnant de mesures nationales de nature à redonner confiance aux entrepreneurs. Après « des années d’incertitude, des signaux forts ont été envoyés ». Il faut maintenant transformer l’essai, assure-t-il, plus optimiste que jamais.
Quel bilan tirer de cette année si riche en bouleversements politiques ?
Après deux années très difficiles, en et , nous avons mis fin à cette position d’attente et d’immobilisme préjudiciable pour le monde économique. On était tellement bas que tous les signaux positifs étaient bons à prendre pour redonner confiance. On a d’abord senti que la croissance était vraiment de retour à l’international. Et puis cette arrivée, inattendue, d’un jeune président et d’une assemblée totalement renouvelée, a vraiment redonné un coup de fouet.
D’un point de vue économique, les acteurs du territoire ont-ils su tirer profit immédiatement de cette nouvelle donne ?
La presque totalité des secteurs a fini l’année sur de bons chiffres. Le monde économique suit évidemment la politique, mais n’y est pas lié dans l’immédiateté. Ce qui importe à l’entreprise, c’est son carnet de commandes pour avoir la visibilité nécessaire à ses investissements, ses recrutements, voire la poursuite même de son activité. C’est pourquoi, même si la construction se porte mieux, le bâtiment à du mal à redémarrer, car des artisans ont souffert du manque de marché pendant trop longtemps. À l’inverse, beaucoup de secteurs ont su tirer parti de la reprise mondiale, car nous sommes dans une économie mondialisée, et même les PME se sont rendu compte qu’elles y avaient toute leur place. Pour ne parler que du secteur vitivinicole, que je connais particulièrement bien, nous avons % d’augmentation des ventes à l’export au Royaume-Uni, même si les effets du Brexit et la hausse de la Livre Sterling ne devraient pas tarder à se faire sentir.
L’entrée, au mois de mai dernier, dans l’ère Macron, et les signaux forts envoyés au monde du travail dans la foulée, ont-ils été de nature à rassurer les entrepreneurs ?
Il y a d’abord le personnage, qui incarne vraiment quelque chose de nouveau, jeune, dynamique, sensible au monde de l’entreprise. Il y a aussi la méthode, faire ce qu’il a dit. C’est en effet de nature à redonner confiance. Les ordonnances travail ont montré qu’on peut réformer rapidement, ce qu’aucun président jusqu’alors n’avait fait. Au-delà des très médiatiques mesures pour les grandes entreprises, comme la rupture conventionnelle collective, il y a de vraies avancées pour les PME.
Les entreprises locales ont-elles suffisamment connaissance de ces évolutions ?
Il est vrai que les dispositifs sont encore méconnus. L’UPV organise des réunions partout dans le département pour les faire connaître. La principale évolution selon nous, et qui répond aux attentes des patrons, est de réinstaurer le dialogue social dans l’entreprise. Avant, dans les PME, un chef d’entreprise ne pouvait proposer un projet d’accord à ses salariés en l’absence de délégué syndical. Il peut désormais s’adresser directement à eux… Dans les années à venir, les entreprises qui n’auront pas su s’adapter à ces nouvelles modalités du dialogue social, auront bien du mal à s’en sortir.
Reste encore à concrétiser le volet formation de ces réformes…
Oui, on attend toujours le véritable chantier de la formation. On estime aujourd’hui qu’il y a près de emplois non pourvus en France. Dans le secteur viticole encore, toutes les entreprises sont en recherche de personnel qualifié. Nous avons la chance dans le Var d’avoir deux grands lycées techniques pour former à ces métiers mais il faut aller plus loin. Nous devons lever le tabou de l’entreprise pour les jeunes. Nos communes se doivent aussi d’être attractives pour les inciter à s’y installer, ou même pour éviter qu’ils ne s’en aillent ailleurs… Nous avons en Provence verte un cadre de vie magnifique, mais encore faut-il que le politique se donne les moyens de proposer aux jeunes actifs un cadre de vie sociale, culturelle, sportive… Cela passe par la redynamisation des centresvilles notamment. Il faut profiter de la dynamique positive qui existe sur ce territoire, l’exemple du succès des zones d’activités comme Nicopolis montre que le potentiel économique existe. Vous qui êtes Brignolais “pure souche”, que pensez-vous justement de l’état de la ville ? Ça fait mal au coeur de voir l’état dans lequel se trouve le centre-ville de Brignoles aujourd’hui. Cela témoigne surtout d’un manque cruel d’anticipation de l’action publique. La rénovation urbaine est fondamentale pour que les gens aient envie de s’installer et pour avoir un commerce prospère. Une offre nouvelle doit être pensée collectivement et de façon cohérente, car un commerçant ne peut pas survivre tout seul… La politique entreprise par le maire Didier Brémond semble aller dans le bon sens avec un investissement colossal pour changer globalement l’image du centreville.
Les projets commerciaux en périphérie ne vont-ils pas à l’encontre d’un renouveau du centre ?
Il ne faut pas opposer les deux car l’offre n’y est pas en concurrence. Les grandes surfaces par exemple, s’y trouvent à l’étroit et ont besoin de faire du neuf pour retrouver de l’attractivité et éviter l’évasion commerciale vers d’autres zones.
Après un an de fonctionnement, que penser de l’action de l’agglo de Provence verte ?
Je déplore la situation de rivalité entre Brignoles et Saint-Maximin, qui n’ont rien à gagner à s’opposer. Je ferai justement mes voeux au nom de l’UPV en terrain neutre, à Tourves. Notre rôle n’est absolument pas politique mais nous avons à informer les politiques sur les bonnes actions à mener pour le développement économique. En , nous allons mettre la pression pour nous faire entendre.
Mettre la pression sur les municipalités ? L’agglo ? Les députés ?
Le monde économique souhaite être concerté, à commencer par les villes, mais aussi les députés. Le fait d’avoir du sang neuf, et des idées neuves, avec des élus qui ont les compétences, nous rendra sans doute plus efficaces. Je crois que la députée de la e circonscription s’inscrit dans cette démarche. Ils n’ont de compte à rendre à personne car ils ne doivent leur réussite qu’à euxmêmes.
Et sur les compétences concrètes que l’agglo devrait mettre en oeuvre, comme la politique du transport ou du logement ?
L’agglo a un sacré travail à faire pour structurer les transports intercommunaux, par exemple. Aujourd’hui, un gamin qui n’a pas de moyen de transport personnel est plombé dans sa recherche d’emploi ou de formation… Le monde économique y prendra sa part avec le versement transport, pour le financer. Cela pose aussi la question des moyens de communication, téléphonie mobile, fibre optique, pour lesquels le territoire est encore sous-doté. Sur le logement, il faut bien sûr s’adapter aux quotas de logements sociaux, mais de façon concertée. Il ne faut pas en arriver à reconstruire des barres d’immeubles dans les villages sous prétexte qu’il faut atteindre %...
Ici, un gamin qui n’a pas de moyens de transport est plombé! ” ‘‘Ça
fait mal au coeur de voir l’état du centreville de Brignoles ” Photo Hélène Dos Santos