Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Grippe aviaire : feu vert des aides pour les éleveurs
La Commission européenne a autorisé une compensation de 65 millions d’euros pour les éleveurs français touchés par la grippe aviaire, notamment pour les élevages de canards et d’oies du sudouest durement affectés par les restrictions vétérinaires, a-t-on appris hier auprès d’un porte-parole. La moitié de cette compensation financière provient des autorités françaises et l’autre du budget européen. Elle concerne tous les éleveurs de volaille qui ont enregistré des pertes du fait des mesures d’abattage et de non-remplacement de leurs animaux pour contenir l’épizootie en 2016 et 2017. Les éleveurs de canards et d’oies du sud-ouest, qui ont été les plus durement touchés, ont plusieurs fois manifesté ces derniers mois pour réclamer une meilleure indemnisation de leurs pertes. La France a déjà commencé à verser sa part des compensations à ses éleveurs, mais la Commission européenne devait encore donner son approbation au déclenchement de cette mesure couverte par les règles de la Politique agricole commune (PAC).
Calcul en fonction du nombre
Le feu vert de Bruxelles va désormais permettre de débloquer la partie européenne de cette compensation, soit 32,5 millions d’euros, que les autorités françaises auront jusqu’au 30 septembre pour verser. L’aide reçue par chaque éleveur « sera calculée en fonction du nombre d’animaux non élevés en raison des restrictions vétérinaires en vigueur et sur base des marges standards des élevages de volaille en France », a indiqué un porte-parole de la Commission. Le montant de la compensation sera ainsi différent selon le type d’élevage, les marges n’étant par exemple pas les mêmes pour les élevages dits conventionnels et ceux estampillés « biologiques ». Selon une source au sein de la Commission, l’exécutif européen est par ailleurs en train d’examiner une autorisation d’aide d’État pour que la France puisse élargir le champ des aides versées aux différents acteurs de la chaîne des élevages de volaille. Il s’agit de pouvoir couvrir une période après mai 2017, quand des pertes ont continué d’être enregistrées malgré la fin des restrictions vétérinaires. En attendant la loi qui sera présentée mercredi janvier en conseil des ministres pour limiter les promotions abusives et relever le seuil de vente à perte, il a menacé d’un accroissement des contrôles de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) pour obliger la distribution à suivre la charte et ainsi évoluer avant l’application de la loi.Il souhaite notamment mettre en place des « indicateurs » de coûts de revient, filière par filière, pour que les prix auxquels les supermarchés achètent aux industriels et agriculteurs reposent sur des « données objectives ». Mais, selon les premiers éléments recueillis à l’issue de la réunion, le climat général semble plutôt à l’attentisme général, chacun rejetant sur l’autre le manque d’avancées. « Qui ment? », s’est ainsi exclamée Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole, qui dénonce une « impasse » de ces négociations. Le syndicat dit avoir constaté des demandes de baisse des prix allant de % à % formulées par les acheteurs de la distribution. « Même sur les produits bio, nous ne constatons pas les hausses nécessaires, un lait bio à centimes le litre, c’est insensé», a lancé Christiane Lambert. Côté distribution, c’est l’inverse : Jacques Creycel, qui dirige la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) a dénoncé les « demandes d’augmentation très significatives » formulées par l’agroalimentaire qui « ne correspondent pas à la charte » censée défendre les agriculteurs, selon lui. « La charte est un prétexte pour obtenir des hausses qui ne correspondent pas à l’évolution des prix des matières premières » a jugé M. Creycel en citant des hausses « pas justifiées » pour des produits chocolatés « alors que les cours et du sucre et du cacao sont en baisse », ainsi que pour les pâtes et le riz.