Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Il y a  ans, le sous-marin La Minerve disparaiss­ait

Samedi prochain à Toulon, sera commémoré le cinquanten­aire d’une tragédie qui bouleversa La France : le 27 janvier 1968, le sous-marin La Minerve, basé dans la rade, coulait au sud-est du cap Sicié avec 52 hommes à son bord. Il n’a jamais été retrouvé

- MATHIEU DALAINE mdalaine@nicematin.fr

Ce matin-là, la météo est exécrable. Un solide mistral, 50 ou 60 noeuds, balaie une mer creusée. Après avoir débarqué un officier dans la rade en pleine nuit, la silhouette ténébreuse et froide du sous-marin Minerve s’éloigne des côtes varoises pour regagner les profondeur­s(1). Avec un nouveau pacha à bord, le lieutenant de vaisseau André Fauve, cela fait plusieurs jours que le « bateau noir » de type Daphné enchaîne les exercices éprouvants de mise en condition opérationn­elle. Et il lui reste encore de délicates manoeuvres à effectuer. Nous sommes le samedi 27 janvier 1968. Avant de rallier enfin Toulon dans la soirée, deux tests de détection magnétique avec un avion de patrouille maritime sont programmés. Quand elle envoie son dernier message au Breguet Atlantic, La Minerve navigue en immersion périscopiq­ue, juste sous les flots déchaînés, à environ 12 nautiques (22 km) de sa base. Il est 7 h 55 et les militaires tombent d’accord : la tempête est telle qu’il est préférable d’annuler les exercices.

Disparu par  ou   m de fond

Ensuite ? Un silence assourdiss­ant. Les recherches seront déclenchée­s à 1 heure du matin. Mais malgré la débauche de moyens mobilisés, les voitures militaires sillonnant Toulon pour rappeler les marins disponible­s, une mer couverte de navires et, bien plus tard, deux autres campagnes de recherches, on ne revit plus jamais La Minerve. Coulé corps et biens par 1 000 ou 2 000 mètres de profondeur, c’est le seul sous-marin français de l’après-guerre à n’avoir jamais été localisé. Aucun survivant. Aucune explicatio­n. Les causes qui auraient fait sombrer ce monstre de 800 tonnes, en parfait état au moment de son appareilla­ge, sont officielle­ment inconnues. Protégées par un rapport militaire « confidenti­el défense » jusqu’en août 2018, qui laissa un temps la place à une marée de théories : mine, collision, torpillage… Cinquante ans après le drame, le fils du commandant disparu affirme pourtant que l’hypothèse d’une avarie de barre arrière est celle privilégié­e par la Défense. D’autres soupçonnen­t un problème de schnorchel. Le clapet de ce tube télescopiq­ue par lequel entre l’air utile aux moteurs diesel sans avoir à faire surface aurait pu rester ouvert, provoquant une irruption d’eau massive. Rien qui ne consolera jamais proches et familles des 52 héros « morts dans l’accompliss­ement de leur devoir ». 1. Après le cap Sicié, les fonds tombent vite à 1 000 puis 2 000 mètres de profondeur.

 ?? (Photo doc Jacky Laurent) ?? La Minerve était l’un des onze sous-marins français de  t de type Daphné. Ici, lors d’un appareilla­ge.
(Photo doc Jacky Laurent) La Minerve était l’un des onze sous-marins français de  t de type Daphné. Ici, lors d’un appareilla­ge.

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