Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Michaël Latz, une vision du territoire et de l’agglo
Grand artisan du schéma de cohérence territorial (Scot), actuellement en révision, Michaël Latz livre un regard atypique – et empreint d’inquiétude – sur le territoire
« C’est un document encore peu connu du grand public. Pourtant, son intérêt est majeur, puisqu’il est opposable aux plans locaux d’urbanisme des communes ! » Intarissable sur ce Scot – le schéma de cohérence territoriale – dont il fut l’un des principaux artisans, Michaël Latz supervise actuellement sa révision. « Le Scot de la Provence verte a été validé début 2014. Il concerne les territoires de l’agglo Provence verte, mais aussi de Provence Verdon, autour de Barjols, Varages, etc. Si ce n’est pas toujours très visible, il apparaît clairement que ce document a modifié l’esprit de tous les PLU votés depuis », estime le maire de Correns, en tant que vice-président du syndicat mixte de Provence verte.
« Une démographie maîtrisée »
Deux signaux majeurs le démontrent : « On ne consomme plus de terres agricoles. Et l’intérêt de la densification urbaine a également été compris de tous. » L’élu revient sur le caractère incontournable du document. « Celui-ci dresse les contours du territoire, offre une vision de la Provence verte de demain, telle que nous la souhaitons, avec une démographie maîtrisée », rappelle-t-il. « Mais ce n’est pas un catalogue de voeux pieux. Il s’impose au territoire. Par exemple, si un maire souhaitait voir sortir de terre sur sa commune un projet commercial démesuré, qui déséquilibrerait l’offre, le Scot pourrait s’y opposer. De même également, pour le projet de carrière à Mazaugues : s’il n’est pas conforme au Scot, nous l’attaquerons... » N’y aurait-il donc aucun moyen de « contourner » ce Scot? « Si, c’est possible : il faut démontrer le caractère d’intérêt général d’un projet. Un peu comme le préfet du Var l’avait fait en 2009 pour le Balançan, au Cannet. Ce n’est pas une démarche simple... »
Plus grande prise en compte du projet Iter
Aujourd’hui, ce document majeur de l’urbanisme local est donc en phase de révision. « Voté en 2014, le Scot propose une vision à quinze ans environ. Cette révision est donc principalement d’ordre technique, principalement pour deux raisons. » La première est l’intégration au périmètre de l’ancienne communauté « Verdon Mont Major » (Artigues, Ginasservis, La Verdière, Saint-Julien, Rians), qui a depuis intégré le giron de Provence Verdon. « Par exemple, le Scot révisé prendra beaucoup plus en considération l’influence d’Iter. » Ensuite, il s’agit de mettre à jour le document en y intégrant les nouvelles lois parues depuis son écriture...
Compensation pour les terres agricoles
Une innovation « originale et vertueuse » devrait voir le jour grâce à cette révision : « En partenariat avec la Safer, un mécanisme de compensation verra le jour. Si une commune gèle dix hectares de terres agricoles, on récupère 30 000 euros par hectare, qui seront réinvestis dans d’autres terres agricoles, sur le territoire de la commune ou dans le périmètre de l’agglo. » Sur la forme, cette révision avance « au rythme de réunions mensuelles des commissions. Il est très impressionnant de voir le nombre de personnes impliquées, les élus ont clairement mesuré l’importance du Scot », se réjouit Michaël Latz. « Le Scot oblige tous les élus à réfléchir ensemble à un avenir commun de territoire... Les élus, anciens et nouveaux, de tous les territoires, proposent des discussions de fond très intéressantes, en toute liberté de parole », note le maire de Correns. « C’est très agréable et c’est ainsi que cela devrait se passer dans toutes les assemblées d’élus... »