Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Boues rouges : l’écoute du ministre Nicolas Hulot

- PROPOS RECUEILLIS PAR LYDIA FOURNIÉ

Olivier Dubuquoy, à l’initiative du mouvement Nation Océan, lancé en 2015, à La Seyne, suivie de la création de l’associatio­n ZEA, se montre confiant sur le bon déroulemen­t et l’aboutissem­ent du dossier «Boues rouges», pris en main par le ministère de la Transition écologique et solidaire. « Le ministre d’Etat Nicolas Hulot nous a reçus le 12 janvier en compagnie de Michelle Pappalardo, directrice de cabinet, de Denis Voisin et de six conseiller­s en charge du dossier “Boues rouges” », précise-til. Lors de cette réunion, quelques solutions de transition ont été abordées et seront analysées dans les prochains mois. » Le point sur ce dossier avec Olivier Dubuquoy.

Il aura fallu sept années d’actions scientifiq­ues, juridiques, politiques et citoyennes afin de protéger les citoyens impactés par ces pollutions, pour que les opposants aux boues rouges puissent échanger avec le ministère sur les solutions durables existantes pour ce territoire...

Il s’agissait d’une première réunion de travail qui en appellera certaineme­nt d’autres. Notre objectif commun est de mettre fin aux pollutions de boues rouges en mer et à terre qui durent depuis plus de  ans, tout en étant pleinement conscients de la nécessité de préserver l’emploi lié à l’activité de l’usine de Gardanne. Il faut pour cela amorcer une transition socio-écologique qui permettra aux citoyens de ce territoire de continuer à vivre sereinemen­t chez eux.

Que reste-t-il à faire ?

Il nous faut travailler sur la toxicité du rejet en mer et la remobilisa­tion des métaux lourds présents dans les fonds marins, mais aussi sur la toxicité des stockages à terre et les risques sanitaires liés à l’inhalation ou l’ingestion des poussières, ainsi que sur l’avenir de l’usine de Gardanne et sur celui du territoire qui l’accueille. Même si, il ne faut pas se leurrer, tous les feux sont au vert concernant la fermeture à partir de . La responsabi­lité de cette fermeture ne sera pas celle des lanceurs d’alerte ou des écologiste­s, mais bien celle des financiers et des industriel­s.

La fermeture de l’usine de Gardanne est-elle inévitable ?

Cette fermeture paraît inévitable. Selon Olivier Baud, ancien président d’Aluminium Péchiney, le groupe canadien Alcan, qui avait racheté Péchiney en , avait prémédité un plan de fermeture de toutes les usines européenne­s de ce groupe sidérurgiq­ue français en précisant les dates. Après avoir racheté Alcan en , Rio Tinto a poursuivi cette stratégie en rejetant tout projet de reprise et en sous-investissa­nt dans la maintenanc­e de l’usine. D’après lui, le manque d’investisse­ment s’élèverait à  millions d’euros par an. Selon Christian Cochard, ancien chef des services de l’électrolys­e de Pechiney, « comme ils ne mettent plus l’argent nécessaire, ils dégradent l’outil et, à un moment donné, on va aller à la rupture ».

Quel est le calendrier ?

L’autorisati­on de stockage des boues rouges à Mange Garri (le site d’Altéo à BoucBel-Air) prendra fin en , date à laquelle la capacité maximale de stockage des boues rouges sera plus ou moins atteinte (à raison de   tonnes supplément­aires par an). L’usine de Gardanne est sous perfusion car elle bénéficie d’un plafonneme­nt pour la redevance liée à la pollution de l’eau, mais ce plafonneme­nt qui lui a permis d’économiser des dizaines de millions d’euros est régulièrem­ent remis en question et ne sera pas éternel. Nous pensons qu’il est indigne et dangereux de mentir aux salariés et à toutes les personnes qui vivent de l’activité de l’usine de Gardanne.

 ?? (Photo Ly. F.) ?? « Il s’agissait d’une première réunion de travail qui en appellera certaineme­nt d’autres », selon Olivier Dubuquoy.
(Photo Ly. F.) « Il s’agissait d’une première réunion de travail qui en appellera certaineme­nt d’autres », selon Olivier Dubuquoy.

Newspapers in French

Newspapers from France