Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le personnel pénitentiaire continue de bloquer les prisons de La Farlède et Draguignan
Dix jours après son lancement, le mouvement continue. Le personnel pénitentiaire bloquait à nouveau le centre de La Farlède, hier. Les forces de l’ordre sont intervenues vers 8h30 pour déblayer le premier barrage. Ils répondaient à l’appel des syndicats Ufap-Unsa, CGT et FO pour protester contre le « projet d’accord » discuté avec l’administration pénitentiaire. « Cela s’est accéléré, les collègues sont outrés, il est hors de question qu’on puisse valider ça », confie Alain, délégué syndical Ufap-Unsa Justice à La Farlède, qui a conduit le mouvement social avec la CGT toute la semaine passée. « Des miettes », voilà comment qualifie-t-on les propositions, dont celle de recruter 1 100 personnels supplémentaires sur quatre ans. « Cela ne suffit même pas à renouveler les départs en retraite. » Le syndicat FO pénitentiaire écrit de même que ces postes « ne permettront jamais de faire disparaître le mode dégradé ». « Mode dégradé », cette expression n’a rien de conceptuel dans les prisons françaises : elle désigne un mode de fonctionnement dans les services avec moins d’agents pénitentiaires que le nombre de postes théoriquement prévu. Les syndicats en font un grief fondamental, car la réduction des équipes concourt à l’insécurité des conditions de travail. Vendredi, la principale prison varoise avait été la première à « déposer les clés ». C’est-à-dire à refuser de prendre le service, même après l’intervention des forces de l’ordre.
Des «bousculades» sans violence
De nouveaux barrages ont également été mis en place hier matin à la prison des Nouradons : une trentaine de surveillants pénitentiaires ont pris place dès 6 h, à l’entrée de l’établissement, bloquant des transferts de détenus et l’arrivée de l’équipe de jour. Les manifestants ont, en revanche, laissé passer deux convois sortant de la prison, celui d’un détenu convoqué devant le juge des libertés et de la détention et d’un autre faisant l’objet d’un procès en assises à Draguignan. Vers 10 h, une compagnie de CRS est intervenue pour déloger les surveillants et rétablir l’accès à la prison. Une intervention qui a donné lieu à quelques « bousculades » mais sans violence. « Les policiers sont solidaires de nous, sans pouvoir le dire », précisait Philippe Abime, secrétaire interrégional SNP-FO, confirmant par ailleurs que le mouvement se poursuivra ce matin « et jusqu’à ce que l’État nous donne quelque chose ».