Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le Var visé par des raids de cambrioleurs
Alors que la délinquance générale est en légère baisse, l’explosion du nombre de cambriolages se confirme dans le département. Des bandes structurées y effectuent de véritables « raids »
C’est toujours délicat de parler du bilan de la délinquance ; en zone police, on constate une baisse du nombre de faits, les chiffres sont fiables mais quand on va au-devant des gens, des élus, ils n’ont pas ce sentiment-là. » Bernard Marchal, procureur de la République à Toulon, témoigne ainsi du décalage entre la vérité statistique et le vécu « des honnêtes gens ». Et pour cause, derrière le bilan global de la délinquance – plutôt stable en 2017 –, présenté hier en préfecture du Var, se cachent des disparités (lire ci-dessous ).« Nous sommes confrontés à deux problématiques importantes, précise le préfet Jean-Luc Videlaine. Le premier point, dramatique, concerne l’usage des armes à feu dans les quartiers défavorisés de la métropole de Toulon, avec plusieurs victimes au cours des derniers mois. Le second point, ce sont les cambriolages… »
Le fléau des cambriolages
Si la flambée de violences par armes à feu concerne essentiellement l’aire toulonnaise sur fond de rivalités entre trafiquants de stupéfiants (lire par ailleurs), la hausse des cambriolages ne semble épargner aucune zone du département (lire nos éditions du 6 janvier 2017). Les territoires ruraux et péri-urbains sont particulièrement concernés (la hausse est supérieure à 20 % en zone gendarmerie, soit 89 % du territoire varois). Phénomène nouveau : les cambrioleurs n’hésitent pas à opérer alors que les victimes se trouvent dans leur domicile, soulignent Bernard Marchal et Pierre Arpaia, procureur-adjoint de Draguignan. On assiste dans le même temps à de véritables «raids dans un laps de temps assez court et sur des zones précises», lancés depuis les départements des Bouches-du-Rhône et, en ce qui concerne l’est-Var, des Alpes-Maritimes. « Il s’agit d’une délinquance de passage, organisée et structurée, poursuit le colonel Christophe Herrmann, commandant le groupement départemental de gendarmerie, ce sont des équipes extrêmement mobiles qui agissent à l’échelle de la région, du territoire national voire de l’Europe. » La plupart de ces bandes sont originaires des pays de l’Est. Ces délinquants se contenteraient généralement de « faibles préjudices» qui les poussent à multiplier les larcins, analyse Christophe Herrmann.
Des solutions esquissées
Face à cette « hausse des cambriolages qui s’ajoute aux hausses des années précédentes », le procureur de Toulon affiche un discours de fermeté : « La politique du parquet consiste à déférer les auteurs interpellés de façon systématique de manière à apporter une réponse claire.» Pierre Arpaia insiste quant à lui sur le travail de police technique et scientifique afin de « ménager » les éléments de preuve et d’effectuer des « rapprochements ». Un effort qui s’avère payant à plus ou moins long terme, selon le colonel Herrmann. « Le conseil que l’on peut donner, c’est de préserver la scène d’infraction, les relevés d’indices sont extrêmement importants… » Les forces de l’ordre invitent également la population à ne pas hésiter à « signaler tout fait suspect». En ce sens, les dispositifs de « participation citoyenne» (Voisins vigilants, etc.) sont plébiscités. Autre solution esquissée par le procureur de Toulon et expérimentée ces derniers mois dans plusieurs départements : le développement d’une application pour smartphone qui permet d’alerter la population sur ces raids de cambriolages et sur la conduite à tenir.