Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Trop cher pour Draguignan
Chaque année, Draguignan est un passage obligé du Tour du Haut Var-matin. Depuis 2013 par exemple, la deuxième et dernière étape s’élance et se termine dans la cité du Dragon. Mais cette année, en revanche, les cyclistes n’y mettront pas l’once d’un boyau. Les raisons sont multiples. Il y a l’aspect pécuniaire, en premier lieu, comme nous l’expliquait l’organisateur Serge Pascal (notre édition du 8 janvier). « Draguignan n’avait pas de moyens financiers pour accueillir le Tour du Haut Var-matin. Il y avait d’autres villes qui étaient en attente et la cinquantième arrivée était prévue à Flayosc. On devait faire le départ à Draguignan, mais ils n’ont plus de moyens financiers donc on s’est dirigé sur une autre commune. »
« Je préfère donner de l’argent aux amateurs »
Le maire de Draguignan, Richard Strambio, expose la situation pour sa ville: «Malheureusement, cela tombe au moment des travaux (du boulevard Clemenceau, où se déroule l’arrivée habituellement,
NDLR). Et puis c’est bien normal que cela se passe sur Flayosc, lieu de résidence de l’organisateur… » Les
coûts ? « Je n’ai jamais calculé. Mais effectivement cela mobilise des services, des heures supplémentaires. Vous multipliez les coûts, surtout un samedi et un dimanche. Nous participons tout de même indirectement à cette course, à travers la Communauté d’agglomération, puisque 40 % des ressources de la CAD proviennent de la ville de Draguignan. » Et
de conclure : « Je préfère donner de l’argent aux clubs amateurs. On est chez les professionnels du cyclisme là… » Si le Tour du Haut Var-matin ne passera pas à Draguignan, la commune sera tout de même concernée par la course cycliste, de manière indirecte. Plusieurs établissements vont profiter de cet événement. La garde républicaine prendra en effet ses quartiers dans l’hôtel du Parc. Au total, 30 personnes dormiront et mangeront sur place. « C’est positif. À Draguignan, à cette période de l’année, je ne pense pas que ça travaille beaucoup
le week-end», indique la direction. En centre-ville, l’hôtel Victoria accueillera une partie de l’équipe organisatrice (commissaires, juges…) pendant les deux jours. Toujours au coeur de Draguignan, les restaurateurs et les cafetiers, eux, ne s’émeuvent guère de l’absence de cyclistes cette année.
« D’habitude on affiche complet. Pas cette année»
Dans la brasserie du Commerce, on ne remarque pas d’énormes différences lorsque la course s’arrête sur le boulevard Clemenceau. «On fait plus de couverts lors de la fête de la Saint-Hermentaire», indique le patron. Même son de cloche au
café de la Poste. « Les compétitions de pétanque nous ramènent plus de monde. Quand il y a le Tour du Haut Var-matin, le car podium se situe juste devant donc on profite assez peu de l’événement!» indique la responsable. Un peu à l’écart de la ville, d’autres établissements font grise mine. À l’image de l’hôtel du col de l’Ange, où l’affluence ne sera pas la même
que les années précédentes. «D’habitude, on affiche complet. Pas cette année », soupire le gérant, Henri
Charpin. « L’organisation et la presse ne viendront pas chez nous. Le taux de remplissage sera à peine supérieur à la moitié. » Cette semaine, trois membres du staff de l’équipe Roubaix Lille Métropole logent dans l’établissement. Ils ont disputé le Tour de La Provence la semaine dernière, et font étape à Draguignan quelques jours en attendant samedi que débute le Tour du Haut Var-matin. Les coureurs, eux, sont rentrés dans leur région d’origine et arriveront seulement vendredi. « Bien sûr, il y a toujours plus de monde que si la course n’avait pas lieu», ajoute
Henri Charpin. « Mais c’est dommage que la commune laisse tomber une course pareille. Pour nous, c’est
une grosse déception.» À Draguignan aussi les sentiments sont partagés.
T. D.