Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Économie: « Pas un dirigeant varois ne parle d’Iter… »
Comment favoriser le dynamisme économique en Provence Verdon ?
C’est une de nos premières missions : corriger la tendance des villages dortoirs… En termes d’économie, il s’agit, déjà, de préserver ce qui existe. On essaie… Ensuite, nous avons de grandes ambitions, mais ne sommes pas toujours entendus… Nous avons identifié Rians comme commune stratégique : elle est en plein développement, possède du foncier disponible, est située aux portes de la Durance, du pays d’Aix et de SaintMaximin. Proche surtout d’Iter et de son développement faramineux : près de emplois sont en jeu. Et pourtant, je n’arrive pas à entendre un dirigeant varois prendre en considération ce potentiel énorme… On pourrait y envisager de l’activité indirecte à Iter, beaucoup d’emplois à haute valeur ajoutée sont concernés. Mais il faudrait commencer par réhabiliter la D entre Rians et SaintPaul, étroite et accidentogène, une véritable clue. Avec une volonté politique forte, dans le Var et les Bouchesdu-Rhône, cela aurait été fait depuis longtemps…
On vous sent remonté sur ce sujet…
On parle d’un gisement d’emplois énorme, équivalent aux chantiers navals, ou à l’arsenal, et personne n’en parle dans le Var! À Sisteron, à kilomètres de Cadarache, les gens sont convaincus, et nous, dans le Var, alors que Rians est à huit kilomètres seulement, on semble ne pas s’en préoccuper… Je n’arrive pas à comprendre. Il suffirait de pas grand-chose pour permettre au Var de profiter de Cadarache et d’Iter : on parle de réhabiliter une route départementale, on est très, très loin du coût d’un échangeur autoroutier, par exemple. Et pourtant, rien… Cette route est en outre stratégique sur le plan touristique, ou encore pour le désengorgement d’Aix…
D’un point de vue économique, l’agriculture joue aussi un rôle important sur ces territoires ?
Nous sommes persuadés que l’activité économique en Provence Verdon passe aussi, et surtout, par l’agriculture. Nous sommes très offensifs là-dessus, depuis le début, en activant tous les leviers que peut activer une collectivité… Ainsi, au sujet de la transmission d’exploitations, sujet problématique, puisque deux tiers des agriculteurs de plus de cinquante ans du territoire n’ont pas de successeur, nous avons mis en place, avec la Safer, une stratégie et un outil de travail. La Safer peut préempter des terres agricoles, on les restructure, et on les redonne à des candidats. Il y a, par exemple, eu une opération exemplaire à Esparron, où hectares de champs ont permis l’installation complète de trois agriculteurs…
Il y a aussi le projet de « filière chanvre »... Nous y travaillons depuis plusieurs années. Les matériaux biosourcés correspondent à une réelle demande des industriels : le BTP nous attend… Nous avons quatre années d’expérience sur la culture du chanvre, et les résultats sont tout à fait probants. Seulement, nous butons encore sur l’obstacle de l’outil industriel. À ce jour, l’unité de transformation la plus proche est à kilomètres, ce qui est rédhibitoire. Nous sommes à la recherche d’un industriel prêt à investir. Nous cherchons à mobiliser les décideurs départementaux, régionaux, le monde du BTP aussi justement… Le potentiel est là.
D’autres pistes de développement agricole ?
Oui, nous regardons de très près le secteur des plantes aromatiques et médicinales. Le marché des huiles essentielles semble prêt à prendre beaucoup d’ampleur. Ainsi, il est probable que le glyphosate soit interdit, à moyen terme. Or, en termes de traitement, on sait que les huiles essentielles constituent une substitution tout à fait crédible au glyphosate… Un autre sujet essentiel en termes de développement agricole est l’extension du canal de Provence. Les années se succèdent, les sécheresses avec, et l’on sait à quel point l’eau va devenir précieuse pour les exploitations… Voilà trois ans que nous travaillons avec la Société du canal de Provence. Nos études prévoient une extension en trois phases. Pour un montant total de millions d’euros, ce qui n’est pas neutre pour une petite collectivité! Nous avons d’ores et déjà entamé des provisions pour le cofinancer…