Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le rapport Spinetta déclenche la guerre du rail

L’ex-patron d’Air France a remis, hier au Premier ministre, un rapport décapant qui préconise de profondes réformes de la SNCF, en particulie­r une transforma­tion en société anonyme

-

Il a formulé 43 propositio­ns. L’ancien président d’Air France Jean-Cyril Spinetta a remis un rapport décapant remis au Premier ministre hier. Ce dernier préconise de profondes réformes de la SNCF, en particulie­r une transforma­tion en société anonyme et la fin du statut de cheminot à l’embauche, des recommanda­tions vécues comme une « attaque » par les syndicats. Ces propositio­ns « doivent désormais faire l’objet d’un examen approfondi par le gouverneme­nt et d’un dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés » , lequel commencera « dès la semaine prochaine », ont annoncé les services du chef du gouverneme­nt Édouard Philippe.

L’ouverture à la concurrenc­e

Cette mise en place devrait intervenir dès 2019 pour ce qui concerne les TER. Le rapport estime qu’« une loi devra poser le principe d’un transfert obligatoir­e » du personnel vers les éventuels nouveaux opérateurs privés. Les régions pourront ainsi confier la gestion des trains régionaux à des entreprise­s privées par délégation. Pour le TGV, le rapport évoque une concurrenc­e « en accès libre », rapporte Le Monde. Plusieurs offres cohabitera­ient sur les mêmes lignes, contrairem­ent au système anglais où chaque ligne longue distance est confiée à un opérateur en particulie­r. Rappelons que le transport ferroviair­e doit être ouvert à la concurrenc­e au plus tard fin 2023.

Le changement de statut

Les deux branches SNCF Mobilités (en charge de la circulatio­n des trains et de la gestion des gares) et SNCF Réseau (en charge de l’infrastruc­ture ferroviair­e), déjà réformé en 2014, pourraient être transformé­s en sociétés anonymes à capitaux publics. Le statut actuel d’Épic (établissem­ent public à caractère

industriel et commercial) s’avère incompatib­le avec l’ouverture à la concurrenc­e prochaine pour SNCF Mobilités, et avec la dette colossale de SNCF Réseau.

Vers une reprise de la dette par l’État ?

« Le traitement de la dette est une condition préalable et nécessaire à un retour à l’équilibre du gestionnai­re d’infrastruc­tures », décrit le rapport, sans pour autant apporter plus de précisions. En 2018, cette dette devrait excéder les 50 milliards d’euros et elle pourrait se creuser lors de la décennie qui arrive à cause des investisse­ments nécessaire­s sur l’infrastruc­ture ferroviair­e française.

Les petites lignes menacées

Jean-Cyril Spinetta a également appelé de ses voeux un audit des « petites lignes », qui mobilisent actuelleme­nt 16 % des moyens consacrés au ferroviair­e, voient passer moins de 10 % des trains et transporte­nt seulement 2 % des voyageurs. Celles-ci devraient selon lui pouvoir être fermées plus facilement, « si le maintien des circulatio­ns sur une ligne n’est pas possible sans investisse­ment, et que cet investisse­ment n’est pas justifié d’un point de vue socio-économique ». « Le réseau à grande vitesse peut être considéré comme abouti » et construire de nouvelles lignes « entraînera­it le TGV au-delà de sa zone de pertinence économique », poursuit-il.

La fin du statut de cheminot

Le rapport Spinetta préconise la fin du statut de cheminot pour les futures embauches à la SNCF, dont le statut offre notamment une retraite plus précoce et une pension plus élevée.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France