Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les jeunes carnavaliers invités à tomber le masque
Draguignan Cette année encore, les lycéens de Jean-Moulin défileront déguisés. Mais sans faire dire à l’avance ni le jour, ni le parcours. Un comportement qui inquiète la proviseure et le commissariat
Dès son arrivée à la tête du lycée Jean-Moulin, il y a 5 ans, Catherine Berthemin avait été mise devant ce fait accompli depuis quelques années et la laissant un peu dans le flou : « Je n’ai jamais trop compris comment ce défilé fonctionne car ce n’est pas le lycée qui l’organise. On ignore d’ailleurs qui s’en occupe. » La seule chose dont l’avait prévenue son prédécesseur, c’est que «la manifestation avait perdu un peu de son côté bon enfant pour devenir plus compliquée ». Depuis, Catherine Berthemin « a toujours peur que ça dérape ». Cela s’est une nouvelle fois vérifié l’an passé avec le caillassage de mamans promenant leurs enfants en poussettes au parc Chabran ou ce vol d’un défibrillateur comme tenait à le rappeler avanthier matin le major VallatGrimaldi, devant un groupe d’élèves réunis dans la salle polyvalente de l’établissement. Tout en mettant ces incidents sur le dos d’éléments extérieurs au lycée.
Question de sécurité
Raison d’ailleurs pour laquelle ce policier est depuis trois semaines à pied d’oeuvre dans l’établissement pour, en accord avec la direction, sensibiliser à tour de rôle tous les élèves sur l’intérêt qu’il y aurait à prévenir les autorités de la date exacte et du parcours précis de leur défilé de carnaval. « Le but n’est pas leur faire la morale », confiait le commissaire Granata qui accompagnait son collègue, « c’est plutôt une initiation à la citoyenneté ». Celle-ci passait par ce message répété durant la matinée à des classes différentes : « Toute manifestation qu’elle soit sportive, revendicative ou festive comme la vôtre, doit être déclarée au plus tard 3 jours à l’avance, ce qui nous permettra de sécuriser le parcours. Il n’est pas question d’interdire votre défilé mais de le faciliter en protégeant votre intégrité physique et vos biens. » D’ici la fin de la semaine, les 1 500 élèves seront tous mis au parfum par Rodolphe Vallat-Grimaldi. Mais cela sera-t-il suffisant pour que les autorités soient au courant du jour J et du prochain tracé ? Pas sûr. Car pour l’instant rien n’a filtré. Catherine Berthemin reste toutefois optimiste à la suite de ces interventions aux allures de main tendue : «Ona essayé ça, j’espère que ça marchera... » La proviseure sait aussi que ses marges de manoeuvre sont minces : «On ne maîtrise pas la situation car les élèves participants ne viennent pas en cours ce jour-là. » Leur absence sera simplement signalée à leurs parents qui pour certains « n’ont pas conscience de leurs responsabilités en donnant de l’argent à leurs enfants pour qu’ils achètent des déguisements ». D’après les chiffres habituels, 80 % des effectifs se « lâcheront » très prochainement dans les rues de Draguignan. Oui, mais quel jour ? « Quand ils en auront envie », soupire Catherine Berthemin.