Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un fratricide à Salernes entre frères alcoolique­s

Dany Dunet ne sait plus comment il a poignardé à mort son cadet. Il dément toute intention de tuer et évoque une bagarre pour un vol de résine de cannabis

- G. D.

Quand il est entré hier matin dans le box de la cour d’assises du Var, Dany Dunet, 42 ans, est apparu bien fatigué. Son élocution très ralentie témoignait qu’il prenait un lourd traitement psychotrop­e. Pour autant il s’est montré attentif aux débats de son procès. Défendu par Mes Céline César et Muriel Gestas, il est accusé du meurtre de son frère cadet Luc Dunet, 36 ans, le matin du 3 juillet 2015, dans la maison de leurs parents dans la campagne de Salernes.

«C’est la bagarre qui a mal tourné»

S’il ne conteste pas avoir causé la mort de son frère, en lui plantant un grand couteau de cuisine dans le dos, il affirme qu’il n’avait aucune volonté de le tuer. Mais, comme au cours de l’instructio­n de cette affaire, il se dit incapable de se souvenir des circonstan­ces précises de ce coup de couteau. «Je reconnais les faits, mais je ne m’en souviens pas. Je suis entré dans sa chambre avec un couteau, après, j’ai un trou de mémoire (...) Je n’avais pas l’intention de le tuer. J’en suis sûr. Parce que je ne suis pas quelqu’un de méchant, ni de violent. C’est la bagarre qui a mal tourné.» Le président Guyon a tenté de faire préciser par l’accusé la relation qu’il avait avec son frère, et les conditions de leur confrontat­ion mortelle. «C’était tendu. Parce que j’étais jaloux. Parce qu’il avait une relation avec notre père que je n’avais pas. «Je suis entré dans sa chambre pour lui prendre de la résine de cannabis, parce que je n’avais plus d’alcool. J’avais pris le couteau pour en couper une lamelle, pour que ça ne se voie pas (...) Il s’est réveillé. Il m’a dit: “Qu’est-ce que tu fous là ? Dégage. ” Il s’est levé et est arrivé vers moi en colère. J’ai eu peur. On a commencé à se battre… et je ne me souviens plus du reste.»

Couteau planté jusqu’à la garde

L’adjudant de la brigade de recherches de Draguignan, qui a dirigé l’enquête, a indiqué que les parents des deux frères, en entendant des bruits et des hurlements à 7 heures, ont compris que leurs fils se bagarraien­t. Ils se sont précipités, et ont découvert Luc assis contre son lit, un couteau planté dans le dos, jusqu’à la garde. Le père a écarté Dany pour tenter de secourir le plus jeune. Il lui a retiré le couteau du corps et a fait un pansement compressif, pendant que son épouse appelait les secours. À leur arrivée, les pompiers ont vainement tenté de le réanimer. Parti à pied vers les bois, muni d’une carte bancaire, «pour m’acheter de l’alcool», Dany a été arrêté à 300 m de la maison, non sans mal, par les gendarmes qui arrivaient. Les deux frères étaient alcoolique­s. Au moment de son décès, Luc avait une alcoolémie de 1,33 g/l. Celle de Dany était de 1 g/l. Il était de plus sous l’influence de deux anxiolytiq­ues, d’un sédatif, d’un antidépres­seur et d’un antalgique. Sur le contexte familial, l’enquêteur a indiqué que les époux Dunet avaient recueilli chez eux leurs deux fils, immatures et alcoolique­s, qui n’avaient pas réussi dans la vie. Il a eu le sentiment que le couple s’était retrouvé dans l’obligation de materner deux enfants de 36 et 40 ans. Psychiatre­s et psychologu­es seront entendus ce matin. Le verdict interviend­ra dans la soirée. En appel d’une décision des assises d’Aix-en-Provence, la cour d’assises du Var a condamné dans la nuit de mercredi Alexandre Martins à vingt ans de réclusion criminelle, pour un meurtre commis à Marseille en avril . La même peine que celle infligée en premier ressort par les jurés des Bouches-du-Rhône en avril dernier. L’accusé, un homme de  ans d’origine congolaise, a toujours nié avoir étranglé une mère de famille de son quartier de la Belle-de-Mai. Mais son ADN avait été retrouvé autour du cou de Dalila Boutobba. Il était de plus la dernière personne à avoir été vue en compagnie de la victime, quelques heures avant sa mort. Ce crime avait fait une deuxième victime, l’enfant que portait la jeune femme, enceinte de sept mois.

 ans confirmés pour l’étrangleur de Marseille

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Dany Dunet est notamment défendu par Me Céline César.

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