Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Nuit sanglante à Tourves :  ans de réclusion en appel

La cour d’assises des Alpes-Maritimes a condamné Mehdi Benyamina et Ahmed El Boussamaki à 15 ans de réclusion criminelle hier. La victime, blessée par balles en 2012, est restée paralysée

- CHRISTOPHE CIRONE

L’un est passé aux aveux et exprime ses regrets. L’autre maintient qu’il n’y est pour rien. Mais tous deux ont été reconnus coupables, hier, de la tentative d’assassinat du 28 août 2012 à Tourves. Seconde condamnati­on, après un premier procès d’assises en 2015. Après celle de Draguignan, la cour des Alpes-Maritimes a donc reconnu la culpabilit­é de Mehdi Benyamina, 36 ans, et Ahmed El Boussamaki, 28 ans. Elle leur a infligé 15 ans de réclusion criminelle. Une peine allégée par rapport à la précédente : ils avaient alors respective­ment écopé de 20 et 18 ans de réclusion criminelle. Depuis lundi, à Nice, ils répondaien­t d’une sauvage agression nocturne. Laurent Gentiluomo, 52 ans désormais, avait reçu deux balles de calibre 38 Spécial à son domicile du haut-Var, non loin de Brignoles. Les projectile­s qui l’avaient atteint au genou et à la clavicule gauches l’ont privé à jamais de l’usage de ses jambes. Si le mobile de l’agression continue à susciter des versions divergente­s, il serait lié à un trafic de stupéfiant­s. Lors des perquisiti­ons chez la victime, les gendarmes avaient saisi 650 grammes de cannabis dans un cabas de supermarch­é, 150 autres dans une boîte, ainsi que 2710 euros en espèces et un fusil à canon scié, avec une trentaine de cartouches.

Le tireur a avoué

Les enquêteurs privilégia­ient la piste du règlement de comptes. Mehdi Benyamina, lui, évoque un braquage qui a mal tourné, et aurait été motivé par la présence de stups chez la victime. Ici réside la grande différence avec le procès en première instance. Car si tous deux ont interjeté appel de leur condamnati­on, ils ne sont pas revenus armés des mêmes dispositio­ns. Mehdi Benyamina, identifié comme le tireur, reconnaît à présent son implicatio­n. Deux coups de feu - certains témoignage­s en évoquent trois - seraient partis. « Il voudrait revenir en arrière pour défaire le mal qu’il a fait, assure son nouveau conseil, Me JeanLouis Paganelli. Je crois fermement que la rédemption existe. Dans son cas, elle a fait du chemin. Il ne fuit plus sa responsabi­lité. » Mehdi Benyamina y était... mais il ne dira pas avec qui. Et surtout pas avec Ahmed El Boussamaki qui, lui, maintient ses dénégation­s. « Comment expliquer l’inexplicab­le ? Comment demander des détails à quelqu’un qui n’y était pas ? », plaide son défenseur, Me Thomas Hugues, lui donnant du « mon petit Ahmed » pour mieux redorer son image. Et de marteler : « Des certitudes, nous n’en avons pas. » Pour sa part, l’avocate générale Marie-Eve Parant brandit « un faisceau d’indices ». « Dans ce dossier, il y a beaucoup d’éléments qui accusent M. El Boussamaki. Beaucoup trop... » Un exemple : ses empreintes sur une boîte d’allumettes, saisie sur les lieux de l’incendie survenu à Brignoles lors de cette nuit sanglante. Le revolver Smith & Wesson, barillet vide, sera retrouvé dans ce local technique de la cité des Caramy.

« Vie bousillée »

Une nouvelle fois, l’audience a emporté la conviction des jurés. Hier, en fin d’après-midi, la cour présidée par Benoît Delaunay a rendu son verdict, confirmant la condamnati­on des accusés. L’avocat général avait requis une même peine pour les deux : vingt ans. La sentence est tombée en l’absence du principal intéressé. Laurent Gentihuomo, qui ne se déplace plus qu’en fauteuil roulant, a laissé à ses conseils, Me Olivier Blanc et Grégory Nicolaï, le soin de plaider sa souffrance et celle de sa famille. Plaidoirie­s appuyées par Marie-Eve Parant : « Sa vie est détruite, bousillée à jamais. »

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Ahmed El Boussamaki et Mehdi Benyamina, lors du procès en première instance en , devant la cour d’assises de Draguignan. Désormais, le second reconnaît son implicatio­n.
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