Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Casse du siècle : ans requis contre Cassandri
Le coup porté au clan Cassandri est violent. Hier, après les réquisitions du procureur de la République, la dizaine de prévenus avaient la tête basse. Depuis lundi, Jacques Cassandri et ses proches sont notamment jugés pour blanchiment en bande organisée, association de malfaiteurs, abus de biens sociaux. Cassandri s’était revendiqué cerveau du casse du siècle de Nice en 1976, avant de se rétracter dans un incroyable coup de théâtre, mercredi à l’audience (nos éditions précédentes). Membre de la French connection, fiché au grand banditisme, condamné pour proxénétisme ou trafic de drogue, celui qui prétendait être le N°1 des machines à sous en France pourrait de nouveau retourner à l’ombre pour cinq ans. C’est ce qu’a requis le procureur, assorti d’un mandat de dépôt.
La valse du cash
Depuis lundi, le tribunal brasse des sommes ahurissantes. Le clan Cassandri dispose d’un patrimoine considérable. Bizarrement constitué au détour des années quatre-vingt, après le casse de Nice. Des appartements, des maisons, des terrains, des locaux commerciaux, des lingots d’or. On s’y perd. L’argent valse des comptes personnels à celui des sociétés et inversement, au mépris de la législation. Le cash généré par les restaurants et boîte de nuit parvenait matin et soir au domicile de Jacques Cassandri, dans des enveloppes. À l’ancienne. Le clan venait alors frapper à la porte du patriarche au moindre besoin. 10 000, 5 000 euros par ci, 2 000 euros par là. Audi Q7, visons, bijoux Chopard ou Cartier, le train de vie est assez fastueux pour des gens parfois sans emploi. La violence n’est jamais loin. Même s’il compte 74 printemps, l’espérance de vie n’est pas grande autour de Jacques Cassandri. Lors de son arrestation, il était d’ailleurs « calibré ». On n’est jamais trop prudent.
Inéligibilité contre le maire de Conca
Le procureur a donc distribué des années de prison, notamment pour les lieutenants de Cassandri, mais il a surtout tapé fort au portefeuille. Trois cent mille euros d’amende pour le chef de clan, 80 000 euros pour le fils, 30 000 pour la fille, ainsi que la saisie de très nombreux biens immobiliers familiaux. Il a réclamé également la fermeture du fleuron du clan, la boite de nuit marseillaise « Au son des guitares » qui servait selon lui de « blanchisseuse ». Un établissement corse très réputé dans la capitale phocéenne. À noter les réquisitions d’inéligibilité pour l’ami de la figure du milieu Marseillais, à savoir François Mosconi, 74 ans, maire de Conca (Corse du Sud) pour trafic d’influence. Il risque également deux ans avec sursis. Fin des plaidoiries de la défense aujourd’hui. Le jugement pourrait être mis en délibéré.