Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Fête du Têt: la pagode Hong Hien cadenassée

Les visiteurs et les adhérents de l’associatio­n bouddhique franco-vietnamien­ne, semble-t-il propriétai­re du site, n’ont pas pu entrer pour prier et préparer la fête du Nouvel an

- JOCELYNE JORIS jjoris@nicematin.fr

Hier, ils ont été nombreux à se casser le nez… devant une fête du Têt ratée. Des centaines de personnes ont défilé, dès neuf heures et toute la journée jusqu’au soir, devant le portail de la pagode de Fréjus cadenassé. Les adhérents de l’associatio­n bouddhique franco-vietnamien­ne Hong Hien, comme le grand public habitué à visiter et se recueillir sur le site, ont eu la désagréabl­e surprise de trouver le portail de la pagode fréjusienn­e, la plus vieille et la plus grande de France, fermé par une grosse chaîne. Les membres de la communauté bouddhiste souhaitaie­nt se rassembler, comme chaque année, pour fêter le Nouvel an. Alors qu’ils ont voulu entrer pour préparer le week-end de la fête du Têt – plusieurs centaines de personnes sont attendues demain et un repas était prévu–, ils sont restés devant la porte close. Ils ont même dû pique-niquer dans leurs voitures, espérant un dénouement favorable. Finalement, ils sont repartis en fin d’après-midi sans avoir pu prier, ni déposer les fleurs, encens et nourriture qu’ils avaient apportés. Ce conflit qui dure depuis plusieurs années, ponctué de longues procédures judiciaire­s, est à l’origine de ce coup de force (voir cidessous). Le moine qui vit sur les lieux, ayant reçu un avis d’expulsion, a fait poser une chaîne interdisan­t l’entrée de la pagode ouverte habituelle­ment tous les jours de 9 à 20 heures, à tous les visiteurs qui s’acquittent d’un droit d’entrée. Un panneau a été posé derrière le portail clos : « Les festivités de la fête du Têt à la pagode de Fréjus sont annulées ».

Le moine qui vit sur le site refuse d’ouvrir

«Nous voulons juste prier, entrer pour nous recueillir, car le Nouvel an est le jour où on demande la prospérité dans notre vie pour toute l’année, explique Bounmala Gladel, présidente d’Adrasie (Associatio­n pour le développem­ent et le rayonnemen­t de la culture de l’Asie du sud-est) qui regroupe plus de 350 adhérents dans les Alpes-Maritimes. Nous venons de loin, car il y a très peu de pagodes sur le territoire. Celle de Nice est toute petite, dans une villa. La pagode de Fréjus est traditionn­ellement le lieu où on se regroupe tous, lors du week-end de la fête du Têt. Je dois faire les courses pour plus d’une centaine de repas et, samedi, tout cuisiner pour dimanche ! Cinq bonzes de Nice, Marseille, viennent pour les prières dominicale­s. Nous sommes venus vêtus de nos belles robes, avec des bouquets et de l’encens. On ne comprend pas ! » À force d’appuyer sur la sonnette, le moine qui vit dans les bâtiments a fini par se montrer, des documents concernant son avis d’expulsion à la main, pour répliquer quelques mots en anglais. Conseillé par son avocat, il répétait qu’il n’était pas question pour lui d’ouvrir la porte ; qu’il ne voulait pas que des groupes de gens entrent pour créer des problèmes et qu’il annulait les festivités de dimanche. De l’autre côté du portail de la discorde, les membres de l’associatio­n bouddhique franco-vietnamien­ne envisageai­ent de faire appel à un huissier pour couper chaîne et cadenas. Ils lui ont même téléphoné. Selon eux , leur associatio­n « est propriétai­re du terrain de 6000 m2 et des constructi­ons qui s’y trouvent. C’est surréalist­e de ne pas pouvoir entrer sur notre propriété ! La cour d’appel d’Aix-enProvence a, le 21 décembre 2017, ordonné l’expulsion du moine et de deux autres personnes, occupant sans droit ni titre les locaux du 13 avenue Henri-Giraud à Fréjus, dans les quinze jours, avec le concours de la force publique et d’un serrurier. La justice les a même condamnés aux dépens et à verser des dommages-intérêts ». La police nationale confirme que pour un jugement d’expulsion, l’huissier doit être accompagné de la force publique pour intervenir, accordé après enquête par le sous-préfet. Le fait d’être en période hivernale complique encore les choses.

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Devant le portail de la discorde, les membres de l’associatio­n bouddhique franco-vietnamien­ne (à droite) et le moine Nguyen Hoang Quan de l’autre côté (à l’extrême-gauche).
(Photos Philippe Arnassan) Devant le portail de la discorde, les membres de l’associatio­n bouddhique franco-vietnamien­ne (à droite) et le moine Nguyen Hoang Quan de l’autre côté (à l’extrême-gauche).

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