Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les CNIM modernisent les ponts flottants de l’armée
Concepteur-constructeur des ponts flottants motorisés de l’armée de terre, l’entreprise seynoise procède à la modernisation d’un matériel qui pourra désormais être déployé en opex
Avec la fin de la guerre froide et l’éloignement de la menace d’un affrontement entre chars dans les grandes plaines d’Europe de l’Est, les ponts flottants étaient quelque peu tombés dans l’oubli. Un rapide coup d’oeil sur le parking des Constructions Industrielles de la Méditerranée (CNIM) à Lagoubran le confirme. Sur la douzaine de remorques « renvoyées » récemment par l’armée de Terre française à leur concepteur-constructeur, on peut ainsi lire «Danger, plus de freins ! Interdit de roulage ». Mais le vent est en train de tourner. Plus que le regain de tensions avec la Russie de Vladimir Poutine, c’est la guerre au Mali qui a remis les ponts flottants au goût du jour. Lorsqu’en 2013, l’armée française a stoppé l’avancée des djihadistes vers Bamako, elle a vite été confrontée aux difficultés de franchissement de l’immense fleuve Niger. De ce retour d’expérience, les militaires ont rapidement émis le besoin de disposer à nouveau de ponts flottants pouvant être envoyés en opérations extérieures. Ce sera bientôt chose faite.
Motorisation boostée camion blindé
Après deux ans de travaux (le contrat leur avait été notifié par la DGA en décembre 2015), les CNIM sont sur le point de livrer deux premiers modules, des prototypes en quelque sorte, au 6e Régiment du Génie d’Angers. Ces deux dernières semaines, quelques soldats sont déjà venus se familiariser avec les nouveautés qui équipent désormais les ponts flottants motorisés. Sur leur site de Lagoubran à La Seynesur-Mer, les CNIM disposent en effet d’une énorme piscine pour tester en grandeur nature les améliorations apportées. Parmi lesquelles une motorisation boostée (chaque module de 10 m est désormais propulsé par deux moteurs hors bord de 90 ch) et une commande centrale permettant à un seul opérateur de manoeuvrer, tel un ferry, deux modules mis bout à bout. Pour les opérations extérieures, des rampes plus courtes autorisent désormais le transport aérien. Enfin, pour tracter les énormes remorques sur lesquelles les modules de pont flottant sont repliés, les camions ont été remplacés et leur cabine blindée.
Utile en cas de crue en France
Si le fonctionnement des ponts flottants rénovés semble donner pleine satisfaction, les militaires du 6e RG ont jusqu’au mois d’octobre pour éprouver le matériel dans les conditions réelles d’utilisation. Le reste des 22 modules et de leur attelage sera livré à partir de 2 020. À noter que ces ponts flottants motorisés, bien que militaires, pourraient également être utilisés en France dans le cadre du plan Neptune, c’est-à-dire pour faire face à une crue centennale de La Seine.