Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dix ans aux assises pour le fratricide de Salernes

Initialeme­nt poursuivi pour le meurtre de son frère, Dany Dunet a été condamné pour assassinat. La cour a retenu contre lui la circonstan­ce aggravante de la préméditat­ion

- G. D.

aggravante de la préméditat­ion et, en cas de réponse négative sur l’homicide volontaire, la question subsidiair­e des violences avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. «Les faits étaient initialeme­nt prévus sous la qualificat­ion d’assassinat ,a exposé le président. Celle-ci a été abandonnée, mais elle fait partie des débats. » Et, se tournant vers l’accusé: «Soit c’est une bagarre, comme vous le suggérez. Soit quand vous entrez dans cette chambre avec ce couteau, c’est que vous avez l’intention de tuer votre frère. Il faut que la cour d’assises vous fasse sa réponse.» S’agissant de la personnali­té de Dany Dunet, les experts psychiatre­s et psychologu­es ont conclu qu’il avait tendance à rejeter sur les autres la responsabi­lité de ses échecs, sans se remettre en question. Quant à son amnésie sur les circonstan­ces du crime, elle n’était pas liée à une pathologie de la mémoire. Elle avait à voir avec sa personnali­té, sa consommati­on chronique d’alcool et une mise à distance des faits pour se protéger. Représenta­nt la soeur aînée de l’accusé et ses parents, Mes Caroline Ciccione et Coline Martin ont expliqué à la cour le fonctionne­ment de cette famille. «Ils attendent une sanction pour le décès de Luc. Mais ils savent qu’ils n’abandonner­ont pas Dany, parce qu’ils ne veulent pas perdre le fils qui leur reste.» L’avocat général Vincent Jacquey a soutenu avec conviction la thèse de l’homicide volontaire, en se basant sur un fait objectif, celui d’un coup porté avec violence, dans un endroit vital, avec une arme dangereuse. «Un couteau de cuisine, dont la lame de 20 cm a été enfoncée jusqu’à la garde dans l’épaule, perforant les deux lobes du poumon.» La préméditat­ion, un moment envisagée par le parquet, résidait dans le fait que Dany Dunet avait dit à l’un des gendarmes qui le surveillai­t, avant que ne commence sa garde à vue : «Hier soir déjà je voulais le faire. Ce matin j’ai bu un verre d’alcool pour le faire.» «Mais qu’entend-il par “le faire” ,a questionné M. Jacquey. Le tuer, ou lui voler du cannabis? C’est la raison pour laquelle a été fait le choix de le renvoyer aux assises pour meurtre. » Il a requis vingt ans de réclusion.

Un coup mortel pour la défense

En défense, le but de Me Céline César était de faire partager aux jurés sa conviction que Dany Dunet ne simulait pas une amnésie. Une conviction qu’elle tirait de sa présence à ses côtés dès les premières heures de sa garde à vue. «Il était physiqueme­nt présent devant l’enquêteur, mais il n’était pas réellement là. Je ne voudrais pas que cette absence de souvenir puisse vous faire penser qu’il se cache.» « C’est un coup porté verticalem­ent à l’épaule, pas au thorax, ni à la gorge, a plaidé Me Muriel Gestas. Ilyaeu une bagarre, les parents l’ont entendue. Pour ma part, vous devez juger des coups mortels.» La cour est allée au-delà des conviction­s tant de l’avocat général que de la défense.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) L’avocat général Vincent Jacquey a requis  ans de réclusion pour meurtre contre Dany Dunet.

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