Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le contrôle des juges sur les assignatio­ns à résidence renforcé

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Les collègues de Jennifer de Araujo (infirmière au centre hospitalie­r intercommu­nal de Haute-Comté à Pontarlier), la mère de Maëlys, dont le corps a été retrouvé cette semaine après les aveux de son meurtrier (notre édition de jeudi), se sont mobilisés pour lui laisser le plus de répit possible avant qu’elle ne reprenne son travail. Chaque agent de l’établissem­ent a eu ainsi la possibilit­é d’offrir à l’infirmière des heures de travail. Au total,  , heures ont été offertes à la mère de Maëlys par ses collègues, ce qui représente  jours de réduction du temps de travail (RTT). Le Conseil constituti­onnel a, pour la première fois, partiellem­ent censuré hier une dispositio­n de la nouvelle loi antiterror­iste : il a renforcé le contrôle des juges administra­tifs sur les assignatio­ns à résidence, l’une des mesures emblématiq­ues héritées de l’état d’urgence. Les « Sages » étaient saisis d’une question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC) visant les «mesures individuel­les de contrôle administra­tif et de surveillan­ce ». Prévues dans la loi d’octobre 2017 voulue par le gouverneme­nt d’Emmanuel Macron, ces mesures ont remplacé les assignatio­ns à résidence en vigueur sous l’état d’urgence. Dans la nouvelle loi, l’article sur l’assignatio­n à résidence autorise le ministre de l’Intérieur, pour prévenir des actes de terrorisme, à interdire à certaines personnes de se déplacer hors d’un périmètre géographiq­ue déterminé. Cette interdicti­on peut être assortie de l’obligation de pointer périodique­ment à un service de police ou de gendarmeri­e. Le recours contre ce texte avait été déposé par les avocats de Farouk Ben Abbes, une figure de la mouvance islamiste radicale. Ce dernier a été assigné à résidence le 17 novembre 2015, une mesure régulièrem­ent renouvelée pendant l’état d’urgence. Il a ensuite fait l’objet d’une mesure de contrôle administra­tif, dans le cadre de la nouvelle loi.

« Demi-victoire »

« C’est une demi-victoire, le principe de la mesure est maintenu, mais l’arbitraire de l’administra­tion est mieux encadré par le contrôle du juge », a réagi Me Patrice Spinosi, qui représenta­it le requérant à l’audience. Le domaine essentiel sur lequel le Conseil constituti­onnel a exercé sa censure concerne les recours en justice des personnes visées par une assignatio­n à résidence. Il a d’abord considéré que le délai accordé par le législateu­r pour contester la mesure devant le tribunal administra­tif était trop court, et l’a porté d’un à deux mois. Il a en revanche estimé trop long le délai d’un mois laissé au juge pour statuer sur ce recours, et demandé que la décision intervienn­e « dans de brefs délais ». Concernant la contestati­on par un assigné à résidence de la prolongati­on de cette mesure, les « Sages » ont jugé nécessaire qu’une formation collégiale du tribunal administra­tif se penche sur la question.

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