Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Turquie : prison à vie pour trois journalistes
La Turquie a condamné à la prison à vie trois journalistes de renom accusés de liens avec la tentative de coup d’Etat de 2016, au terme d’un procès critiqué par les défenseurs de la liberté de la presse. Les frères Ahmet et Mehmet Altan, la journaliste Nazli Ilicak et trois autres co-accusés ont été reconnus coupables de « tentative de renversement de l’ordre
constitutionnel ». Ahmet et Mehmet Altan et Nazli Ilicak, des journalistes et intellectuels respectés en Turquie, ont toujours nié toute implication dans la tentative de coup d’Etat qui a secoué le pays dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, rejetant des accusations « absurdes ». Depuis le putsch avorté, les autorités turques traquent sans relâche ceux qu’elles soupçonnent d’être des partisans du prédicateur Fethullah Gülen, qu’Ankara accuse d’être dernière le coup de force.
« Jour noir » pour la presse
Ahmet et Mehmet Altan et Nazli Ilicak étaient notamment accusés d’avoir envoyé des « messages subliminaux » lors d’une émission retransmise en direct à la télévision, à la veille du putsch manqué. Leur procès a renforcé les inquiétudes liées à la liberté de la presse, mais aussi à l’indépendance du pouvoir judiciaire : le mois dernier, la Cour constitutionnelle avait ordonné la libération de Mehmet Altan. En vain. L’ONG de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a déploré « un jour noir » pour la liberté de la presse en Turquie. Âgé de 65 ans, Mehmet Altan est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la politique. Il a été arrêté en septembre 2016 avec son frère Ahmet, un romancier et journaliste âgé de 67 ans qui a notamment fondé le journal d’opposition Taraf. Nazli Ilicak, journaliste et écrivaine de 73 ans qui a travaillé jusqu’en 2013 pour le grand quotidien pro-gouvernemental Sabah, est en détention depuis fin juillet 2016. Les trois autres condamnés sont l’ancien directeur du marketing du quotidien Zaman, Yakup Simsek, l’instructeur de l’académie de police Sükrü Tugrul Özsengül, et le graphiste de Zaman, Fevzi Yazici.