Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Explorer les coronaires pour en déceler les anomalies
Prévention La coronarographie consiste à regarder précisément l’état de ces artères qui, en cas de dysfonctionnement, peuvent engendrer des conséquences graves voire mortelles
L’infarctus du myocarde demeure la première cause de mortalité chez la femme en Europe et la deuxième chez l’homme. Malgré de fortes campagnes de sensibilisation par les sociétés Françaises de cardiologie, beaucoup de patients victimes d’un infarctus du myocarde sont hospitalisés trop tard alors que des prémices d’une insuffisance coronarienne existaient depuis quelques jours dans 50 % des cas. Ainsi, un certain nombre de décès pourraient encore être évités. Les symptômes sont parfois trompeurs, notamment chez les femmes (sensation d’épuisement, essoufflement à l’effort et signes digestifs) qui sont moins souvent diagnostiquées à temps alors qu’elles sont davantage concernées que les hommes après la ménopause. La salle de coronarographie du service de cardiologie du CHU de Nice (à Pasteur 1) a été modernisée et rééquipée récemment. Un atout dans la recherche et l’identification d’anomalies sur les artères coronaires responsables, justement, d’infarctus du myocarde mais aussi de troubles du rythme, d’insuffisance cardiaque ou d’angine de poitrine. «Pour détecter une anomalie, plusieurs types d’explorations sont possibles : électrocardiogramme, test d’effort, scintigraphie, scanner coronaire, échographie de stress… La coronarographie est un moyen d’exploration qui n’arrive souvent qu’en dernière intention, commente le Pr Emile Ferrari, chef du service de cardiologie du CHU de Nice-Pasteur 1. Il y a 25 ans, il s’agissait d’un examen lourd. Mais avec les progrès techniques, il est désormais rapide et peut se pratiquer en ambulatoire. » De plus, il n’y a que peu de contre-indications (allergie à l’iode, le produit de contraste), juste une limitation chez les personnes qui présentent des problèmes rénaux parce que l’iode qui est utilisé peut abîmer le rein. «Concrètement, un cathéter est introduit par une artère radiale, au niveau du poignet. Il est amené devant le coeur et positionné au niveau de l’origine des artères coronaires. L’injection du produit de contraste permet de visualiser ces artères coronaires (gauche et droite) qui sont les carburateurs du muscle cardiaque. Si un rétrécissement est identifié, il est souvent possible de réaliser, dans le même temps, une angioplastie ; c’est-à-dire de dilater la zone malade avec la pose d’un stent, une sorte d’armature métallique qui maintient ouvert le segment de l’artère qui était en train de se boucher, détaille le Pr Ferrari.
Chute de la mortalité par infarctus
La mortalité de l’infarctus du myocarde pris en charge à l’hôpital est en extraordinaire progrès. Il y a 20 ans, elle s’élevait à 20 % alors qu’elle se situe aujourd’hui entre 2 et 3%.» La grande majorité des décès survient malheureusement en amont de la prise en charge parce que ces patients victimes d’un infarctus ne se sont pas inquiétés suffisamment tôt. Il est donc primordial de consulter ou de contacter les secours en présence d’une sensation d’oppression dans la poitrine ou de troubles du rythme cardiaque. Des symptômes particulièrement alarmants lorsqu’il y a en plus des facteurs de risque tels que l’hypertension artérielle, le tabac, le cholestérol, le diabète, l’hérédité ou encore le stress. « La France dispose depuis plusieurs décennies d’un réseau de prise en charge de l’infarctus du myocarde parfaitement organisé : une équipe médicale rompue à ces urgences et équipée d’un défibrillateur peut se rendre auprès d’une personne présentant un infarctus en quelques minutes. Les premiers soins seront ainsi apportés immédiatement, commente le Pr Ferrari. Le patient est ensuite amené dans un centre de cardiologie où l’artère responsable de l’infarctus pourra être débouchée le plus rapidement possible. Ce système de soins qui fonctionne 24 heures sur 24 heures et 365 jours par an a été copié dans beaucoup de pays à travers le monde. » En cas de doute, il ne faut donc pas hésiter une seconde et prévenir les secours, y compris lorsqu’il s’agit d’une personne jeune car l’infarctus du myocarde peut survenir chez l’homme à partir de 35-40 ans.
Une angioplastie pour corriger un rétrécissement Pr Emile Ferrari Chef du service de cardiologie CHU Nice