Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les dates de la Révolution

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Le peuple veut se faire entendre. Suit une période de grands désordres et de valse des gouverneur­s. Le gouverneur Jean-Baptiste Montreuil de Coincy avait fait éditer des placards en langue provençale exhortant la population à ne pas céder à la violence et adresser ses doléances par la voie administra­tive. C’était la première fois que l’occitan était employé dans des documents administra­tifs. Malgré ses efforts linguistiq­ues en direction du peuple, Montreuil de Coincy est poussé à la démission après vingt-six ans à la gouvernanc­e de Toulon. Il est remplacé par un autre membre de la noblesse, le comte de Béthisy. Cherchant lui aussi à s’attirer les bonnes grâces du peuple, il décide de repousser de 20 heures à 22 heures la fermeture des portes de la ville. Mais le peuple, méfiant, craint qu’il en profite pour introduire de nuit des troupes dans la ville. D’autant que la décision est assortie d’un couvrefeu. Le peuple se rebelle. Le comte doit démissionn­er à son tour. Son successeur, le marquis du Luc, maréchal de camp, ne tiendra, lui, que quelques semaines à son poste. Le 29 août, un des consuls toulonnais, Roubaud, est alors désigné pour assurer l’intérim de la gouvernanc­e toulonnais­e.

La cocarde tricolore refusée dans l’arsenal

La situation sociale demeure fragile. Le 13 novembre, un incident met le feu aux poudres : l’interdicti­on, faite par le commandant du port Albert de Rioms à deux ouvriers, d’entrer dans l’enceinte de l’arsenal avec une cocarde tricolore sur leur chapeau. Cette petite affaire fait grand bruit dans la ville. La foule se masse sur la place d’Armes, près de l’arsenal, pour réclamer la tête d’Albert de Rioms. Ordre est donné à l’armée de tirer. Mais celle-ci refuse et – retourneme­nt de situation – c’est Albert de Rioms qui est arrêté. Il est enfermé aux côtés du marquis Monier huit mille indigents du Castellet, directeur de l’arsenal dont la foule vient de s’emparer de force en saccageant l’Hôtel de la Marine. L’affaire est portée devant l’Assemblée constituan­te à Paris – équivalent­e de notre actuelle Chambre des députés. Le 14 décembre, tandis que les deux députés toulonnais Meifrund et Ricard chargent Albert de Rioms, le député d’Auvergne Pierre-Victor Malouet, précisémen­t originaire de la ville de Rioms, ex-intendant de la Marine de Toulon, prend sa défense. Robespierr­e, lui-même, intervient. Il accuse le comte toulonnais de répression envers les marins et les ouvriers de l’arsenal et étend son attaque à l’égard de l’aristocrat­ie militaire en général. Albert de Rioms est finalement libéré mais la pauvre histoire des cocardes tricolores de l’arsenal de Toulon s’est transformé­e en affaire d’État. Cela ridiculise l’administra­tion toulonnais­e. En janvier 1790, Mirabeau conclut l’affaire en déclarant à l’Assemblée de manière claire et nette : « Il faut suspendre la municipali­té de Toulon ! » Deux pauvres cocardes interdites à l’entrée de l’arsenal avaient attiré sur Toulon l’attention de la France entière.

ANDRÉ PEYREGNE La réunion des États-Généraux, prévue pour le  mai , organisée par le roi Louis XVI, a suscité de grands espoirs dans la population française. La sénéchauss­ée de Toulon a envoyé huit députés : pour le clergé JeanJoseph Rigouard, curé de La Farlède, Jean-Joseph Montjallar­d, curé de Barjols ; pour la noblesse le marquis de la Poype-Vertrieux et le maréchal de camp Michel de Vialis ; pour le Tiers-État Pierre Meifrund, commerçant à Toulon, Charles Feraud, avocat à Brignoles, François Jaume, commerçant à Hyères, et Gabriel Ricard, avocat à Saint-Maximin. Le  mai , le roi Louis XVI ouvre à Versailles les États-Généraux. Son discours est particuliè­rement conservate­ur. Aucune des grandes réformes attendues n’est envisagée. Au bout d’un mois de discussion­s, le  juin, sur propositio­n de l’abbé Sieyès, de Fréjus, le Tiers-État et quelques membres de la noblesse et du clergé constituen­t une « Assemblée nationale ». Le  juin, l’Assemblée interdite par le roi se réunit dans la salle voisine du Jeu de Paume ; elle prononce le fameux « serment » par lequel les contractan­ts s’engagent à ne pas se séparer avant d’avoir écrit une Constituti­on. Face à la tournure des événements, le  juin, Louis XVI fait venir des troupes sur Paris, dont   hommes de régiments étrangers. Début juillet, des émeutes éclatent dans la capitale. Le , le journalist­e et avocat révolution­naire Camille Desmoulins exhorte la foule à se mettre en état de défense. Dans les jardins des Tuileries et aux Invalides, les Parisiens se heurtent au régiment du prince de Lambesc. Il y a des tués parmi les manifestan­ts. À  heures , une délégation de l’Assemblée des électeurs de Paris se rend à la Bastille, prison royale, pour interpelle­r le directeur Jordan de Launay. À  heures, la forteresse est envahie. Il y a une centaine de tués et soixante-treize blessés parmi les émeutiers. Ceux-ci s’emparent de la poudre et des balles, libèrent les sept prisonnier­s qui se trouvent dans le lieu. Jordan de Launay est tué, sa tête présentée au peuple au bout d’une pique. Paul Barras, futur député du Var (photo ci-dessus), se trouve parmi les émeutiers.

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(Photo DR) (Photo DR) Une bataille navale pendant la Guerre d’indépendan­ce des États-Unis, qui a fourni du travail à l’arsenal de Toulon. Le peuple en furie au moment de la Révolution.
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(Photo DR) Le roi Louis XVI essaya de calmer le peuple en convoquant les ÉtatsGénér­aux.

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