Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Dernière tournée ?
Menacé de fermeture administrative, le cercle du village a accueilli, samedi matin, les représentants des structures homologues du département, pour une démonstration de solidarité
Samedi, les représentants de des cercles du Var sont venus montrer leur soutien aux bénévoles de La Fraternité, menacée de fermeture administrative.
Ils lancent un appel aux dons pour tenter de survivre.
La chaleur, il fallait aller la chercher à Pontevès, ce samedi matin. Ni la fine pluie, ni l’arrêté d’interdiction de manifester pris par le maire (lire ci-contre )ne sont parvenus à entamer la détermination des bénévoles du Cercle de la Fraternité. Le président de l’association qui gère la structure, Didier Lecina, et son équipe recevaient le soutien des représentants de quinze des vingt-trois cercles encore actifs dans le Var. Une petite centaine de personnes avait répondu au rendez-vous. Banderoles, collecte de soutien, tombola… L’ambiance était bonne, malgré la quasi-certitude qu’il est déjà trop tard pour éviter la disparition de la plus vieille institution pontoise, créée en 1892.
« Arrêt de mort »
En effet, alors que par endroits, certaines municipalités se battent pour faire revivre les cercles historiques, celle de Pontevès lui a signifié ce qui ressemble fort à un arrêt de
mort (notre édition du 28 décembre dernier ).« On nous demande une mise aux normes de sécurité et d’accessibilité au titre d’établissement recevant du public, mais nous n’avons pas les moyens d’effectuer
de tels travaux », se désolent les membres de l’association. Les travaux de mise aux normes (toilettes accessibles aux fauteuils roulants, usage de matériaux coupe-feu, contrôle par un professionnel des installations électriques et climatisation, ouverture des portes dans le sens des fuites) s’élèveraient à plus de 26 000 euros. « Nous ne disposons que de 1 500 euros en caisse », déplore Didier Lecina. « La municipalité annonce, dans le même temps, un projet de salle à plus d’un million et demi… On s’est dit que la Ville a des moyens, alors nous lui avons demandé une subvention… Que nous n’avons pas obtenue », ironise le président. Mis en demeure en décembre 2016 d’effectuer les travaux, le Cercle ne peut plus, légalement, accueillir de public depuis le 5 octobre 2017. Le délai de six mois court depuis cette date, sous peine de fermeture administrative pure et simple.
« Peur de la révolte du peuple »
Une rapide prise de parole a animé la matinée. Claude Franchitto, viceprésident du Cercle des Travailleurs de Montferrat, s’est fait le porte-voix des présidents de cercle. Il a ainsi dit tout ce qu’il pensait de la démarche du maire de Pontevès,
« qui a préféré s’enfuir aujourd’hui, se cachant derrière la préfecture, les gendarmes la police municipale et – qui sait ? – les huissiers, par peur de la révolte du peuple. Mais nous ne sommes pas venus avec les fourches. Nos valeurs sont celles du patrimoine, de la fraternité, de la lutte contre la désertification rurale… » De fait, la « rencontre » annoncée avec le maire ce matin était annulée. Pour ce qui est de l’ordre public, quatre gendarmes de la brigade de Barjols, accompagnés par l’adjoint au commandant de la compagnie de Brignoles, chaleureusement accueillis, ont constaté que nul trouble ne nécessitait une intervention.
Un dernier espoir sur internet
Il sera peut-être noté, dans les livres retraçant l’histoire de Pontevès, que « le Cercle de la Fraternité ferma ses portes en 2018, après 126 ans pendant lesquels les générations de villageois se sont retrouvées dans
ses murs. » Peut-être… Car s’il est peu probable que la municipalité octroie l’argent nécessaire au maintien de son activité, le Cercle n’a pas encore dit son dernier mot. C’est sur internet (lire ci-dessous) que l’ancêtre a décidé de jouer sa dernière carte. Et – pourquoi pas – de trouver les moyens d’offrir quelques décennies de solidarité supplémentaires aux Pontois.