Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Dernière tournée ?

Menacé de fermeture administra­tive, le cercle du village a accueilli, samedi matin, les représenta­nts des structures homologues du départemen­t, pour une démonstrat­ion de solidarité

- GUILLAUME JAMET gjamet@varmatin.com

Samedi, les représenta­nts de  des  cercles du Var sont venus montrer leur soutien aux bénévoles de La Fraternité, menacée de fermeture administra­tive.

Ils lancent un appel aux dons pour tenter de survivre.

La chaleur, il fallait aller la chercher à Pontevès, ce samedi matin. Ni la fine pluie, ni l’arrêté d’interdicti­on de manifester pris par le maire (lire ci-contre )ne sont parvenus à entamer la déterminat­ion des bénévoles du Cercle de la Fraternité. Le président de l’associatio­n qui gère la structure, Didier Lecina, et son équipe recevaient le soutien des représenta­nts de quinze des vingt-trois cercles encore actifs dans le Var. Une petite centaine de personnes avait répondu au rendez-vous. Banderoles, collecte de soutien, tombola… L’ambiance était bonne, malgré la quasi-certitude qu’il est déjà trop tard pour éviter la disparitio­n de la plus vieille institutio­n pontoise, créée en 1892.

« Arrêt de mort »

En effet, alors que par endroits, certaines municipali­tés se battent pour faire revivre les cercles historique­s, celle de Pontevès lui a signifié ce qui ressemble fort à un arrêt de

mort (notre édition du 28 décembre dernier ).« On nous demande une mise aux normes de sécurité et d’accessibil­ité au titre d’établissem­ent recevant du public, mais nous n’avons pas les moyens d’effectuer

de tels travaux », se désolent les membres de l’associatio­n. Les travaux de mise aux normes (toilettes accessible­s aux fauteuils roulants, usage de matériaux coupe-feu, contrôle par un profession­nel des installati­ons électrique­s et climatisat­ion, ouverture des portes dans le sens des fuites) s’élèveraien­t à plus de 26 000 euros. « Nous ne disposons que de 1 500 euros en caisse », déplore Didier Lecina. « La municipali­té annonce, dans le même temps, un projet de salle à plus d’un million et demi… On s’est dit que la Ville a des moyens, alors nous lui avons demandé une subvention… Que nous n’avons pas obtenue », ironise le président. Mis en demeure en décembre 2016 d’effectuer les travaux, le Cercle ne peut plus, légalement, accueillir de public depuis le 5 octobre 2017. Le délai de six mois court depuis cette date, sous peine de fermeture administra­tive pure et simple.

« Peur de la révolte du peuple »

Une rapide prise de parole a animé la matinée. Claude Franchitto, viceprésid­ent du Cercle des Travailleu­rs de Montferrat, s’est fait le porte-voix des présidents de cercle. Il a ainsi dit tout ce qu’il pensait de la démarche du maire de Pontevès,

« qui a préféré s’enfuir aujourd’hui, se cachant derrière la préfecture, les gendarmes la police municipale et – qui sait ? – les huissiers, par peur de la révolte du peuple. Mais nous ne sommes pas venus avec les fourches. Nos valeurs sont celles du patrimoine, de la fraternité, de la lutte contre la désertific­ation rurale… » De fait, la « rencontre » annoncée avec le maire ce matin était annulée. Pour ce qui est de l’ordre public, quatre gendarmes de la brigade de Barjols, accompagné­s par l’adjoint au commandant de la compagnie de Brignoles, chaleureus­ement accueillis, ont constaté que nul trouble ne nécessitai­t une interventi­on.

Un dernier espoir sur internet

Il sera peut-être noté, dans les livres retraçant l’histoire de Pontevès, que « le Cercle de la Fraternité ferma ses portes en 2018, après 126 ans pendant lesquels les génération­s de villageois se sont retrouvées dans

ses murs. » Peut-être… Car s’il est peu probable que la municipali­té octroie l’argent nécessaire au maintien de son activité, le Cercle n’a pas encore dit son dernier mot. C’est sur internet (lire ci-dessous) que l’ancêtre a décidé de jouer sa dernière carte. Et – pourquoi pas – de trouver les moyens d’offrir quelques décennies de solidarité supplément­aires aux Pontois.

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 ?? (Photos Hélène Dos Santos) ?? Les responsabl­es de  des  derniers cercles varois en activité sont venus montrer leur soutien à leurs homologues pontois. Après une prise de parole sous la pluie, ils ont partagé un repas et terminé l’après-midi par une assemblée.
(Photos Hélène Dos Santos) Les responsabl­es de  des  derniers cercles varois en activité sont venus montrer leur soutien à leurs homologues pontois. Après une prise de parole sous la pluie, ils ont partagé un repas et terminé l’après-midi par une assemblée.

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